Perou
Le film, les photos et le carnet de route – Pérou – juin 2016
Dès les premiers kilomètres, nous comprenons que l’ Pérou, ce n’est plus le même niveau de vie qu’en Equateur :
- Peu de voitures personnelles ; en revanche, il y a plein de motos-taxis (ce qu’on appelle les tuk-tuk au Guatemala et au Nicaragua), ce sont des motos à 3 roues qui accueillent 3-4 personnes à l’arrière, 5 ou 6 en se serrant bien ;-).
- Fini les supermarchés ! De nombreuses petites superettes de 10 m2, où on trouve tout, à notre grand étonnement toujours.
Récit de nos 3 semaines au Pérou
Nous commençons par quelques visites de sites archéologiques pré-Incas dans le nord du Pérou (Huaca de la luna, musée du Senor de Sipan), sites peu fréquentés car les séjours touristiques proposent rarement cette partie du pays.
Puis nous montons dans la Cordillère Blanche, chaine de montagnes qui comprend 35 sommets d’une altitude supérieure à 6 000 mètres dont le Huascaran, son point culminant avec 6 768 mètres d’altitude. Marcher à plus de 5000m d’altitude, que c’est éprouvant ! Une première balade nous mène au glacier Pastoruri, glacier qui n’existera plus dans 15 ans au rythme où il fond. Le réchauffement climatique ici, le phénomène el Nino sur la côte : on nous parle de ces deux phénomènes très régulièrement depuis le début de notre voyage. Le lendemain, on vise un peu moins haut : des panoramas nouveaux et variés pendant 6 heures de rando qui mène à une lagune d’un bleu aigue-marine suprenant. Et l’ top, c’est qu’on arrive après le flot des touristes car nous n’avons pas eu le courage de nous lever à 5h comme eux. Dans ce cadre idyllique, Tanguy nous sort la phrase du mois : «C’est ici que je voudrais vivre. Je dévierais un des petits ruisseaux ; je filtrerais l’eau, je ferais un p’tit jardin et quelques bêtes»… Il a bien changé notre petit Tanguy qui au début du voyage rêvait d’être milliardaire à Palm Beach !
Nous roulons des centaines de kilomètres sur la Panaméricaine qui longe la côte pour rejoindre le sud et Cuzco. Et tous ces kilomètres sur une voie seulement ! Avec des bus et des camions à doubler régulièrement, alors qu’il y a bien une « deux fois deux voies » toute belle toute neuve ! Mais ils n’ont ouvert que la moitié de la route à la circulation. Pour quelles raisons ? Cela reste un mystère ! Cette Panam’, c’est vraiment le centre de vie de toutes ces régions. En dehors de cette route, qui devient la rue principale dans les villes, il n’y a pas d’ boutiques, pas de stations-services, pas d’ resto. La vie sur des centaines de kilomètres s’organise autour de la Panam’ ! (excepté les grosses agglomérations qui ont un centre-ville bien sûr).
L’habitat est assez similaire pendant 2000 km : des maisons en adobe sans vitres (briques de terre séchées au soleil) ou des murs en tôle voire en bâche. Quant aux toits, il y en a rarement. Les barres de fer dépassent du plafond, comme si un jour un étage supérieur viendrait s’y ajouter. Le décor : le désert, le désert, le désert. Et d’un coup, des cultures de canne à sucre, de piments, de maïs, etc, grâce à un système d’irrigation en provenance de la Cordillère des Andres toute proche. Dans ces grandes exploitations agricoles, ils connaissent le tracteur, contrairement aux montagnes où c’est encore les labours avec les bœufs et les récoltes entièrement à la main, même le maïs ! Dans les montagnes, on voit « en live » les illustrations des cours d’histoire de Justin sur l’agriculture du début du XXème en France. Encore plus que dans les campagnes d’Amérique Centrale, la vie des Quechuas au Pérou est une vie rude. Peut-être parce que s’ajoute à toutes les autres difficultés celle de se prémunir contre le froid. Nous rencontrons lors de nos balades dans l’Ausangate des bergères qui vivent à plus de 5000m d‘altitude et qui passent leurs journées à filer puis tisser la laine de leurs alpagas ou lamas. C’est tellement à l’opposé de notre vie occidentale ! Certaines ne parlent que Quechuas, preuve qu’elles ne sont jamais allées à l’école (pourtant elles sont jeunes – pas 30 ans). Un soir que nous nous arrêtons à 400 km de Cusco, nous discutons assez longuement avec Rosamaria, 12 ans, qui garde le resto pendant que sa tante est en ville, à ½h de là. Elle a peur de parler aux hommes et a ordre de ne pas parler aux Gringos qui risquent dixit « de l’embarquer pour vendre ses organes ». Les Gringos, ce sont tous les étrangers à peau blanche. Comme beaucoup d’enfants des montagnes, elle aide sa famille une fois l’école finie à 13h. Elle a 7 frères et sœurs. Sa mère est décédée à l’âge de 21 ans. Et elle nous explique pourquoi elle n’a que 2 phalanges à tous ses doigts : malformation, comme sa maman et 6 des enfants. Malformation dans plusieurs familles de cette région entre la côte et Cusco.
Niveau vêtements, on n’peut pas dire que les Quechuas soient coquettes: tout est dépareillé, des jupes qui ressemblent à des sacs, des bas en laine épaisse ou des simili bas de contention. Seul un morceau de tissu à rayures très coloré, porté comme un châle, vient égayer tout ça. On est loin des tenues soignées des Mayas au Guatemala. Quant au chapeau, qui diffère totalement d’une région à une autre, il est remplacé parfois par la casquette, plus pratique ! Les femmes Quechuas portent toujours un baluchon, rempli de produits de leur jardin qu’elles vont vendre ou un bébé bien emmitouflé. En revanche, les Quechuas ont des tenues de fêtes splendides, que nous avons la chance de voir lors des nombreux défilés la semaine du 20 juin, pour la fête du soleil à Cusco (Inti Raymi). Etre dans la Vallée Sacrée pendant au solstice d’hiver n’était évidemment pas prévu… mais quand on s’est aperçu qu’on pouvait y être, on n’a pas hésité une seule seconde. Paraît-il la fête la plus importante d’Amérique du Sud après le Carnaval de Rio.
Lorsque nous arrivons à Cusco, nous prenons la décision de ne pas visiter le fameux Machu-Picchu : l’option économique est trop compliquée, l’option confort (en train) est trop chère. Et tout, du début à la fin, est une machine à fric monstrueuse. Mais alors que nous nous baladons dans les rues de Cusco, Tanguy nous convainc d’y aller… On change d’avis et nous partons le lendemain pour le Machu-Picchu. On n’est pas déçu par ce site majestueux et ces montagnes imposantes tout le long de la marche pour s’y rendre. Mais tout d’ même, quel business ce Machu-Picchu ! Y’a de quoi être écœuré devant ces milliers de dollars qui passent dans ces agences, ces hôtels, ces restos au cœur de la civilisation Inca anéantie par les espagnols… et que les descendants Quechuas n’en bénéficient que très peu. Et cette ville au pied du Machu-PIcchu, Aguas Calientes ! Rien ne ressemble au Pérou ici ! Pour preuve, quand on y arrive à 18h, Tanguy s’exclame: « Ah ! J’adore cette ville. Ca m’ rappelle Las Vegas ! ».
Cette épreuve du Machu-Picchu passée, nous continuons notre périple dans la Vallée Sacrée : 3 nuits chez Arcadio, une adresse recommandée par des Suisses rencontrés 2 semaines plus tôt. Arcadio met en place, tant bien que mal depuis 13 ans, une exploitation autosuffisante sur le modèle de ses ancêtres Quechuas. Il s’indigne contre tous ses voisins qui bien qu’encore à l’âge du labour au bœuf, utilisent des fertilisants, pesticides. Arcadio a tout d’même un petit poste de télévision. Justin et Tanguy vont donc voir la finale de la Copa America Argentine-Chili chez Arcadio, dans sa maison en adobe, sol en terre-battue, emmitouflés dans leur polaire+poncho. Cette expérience chez Arcadio nous aura permis de rentrer un peu dans la vie quotidienne des Péruviens des Andes. Certes nous sommes avant tout des touristes. Mais le fait que nous prenions notre temps et grâce aux enfants, cette barrière tombe et c’est à chaque fois des beaux moments, enrichissants. Autre expérience : notre arrivée dans un petit village au pied de l’Ausangate d’où nous commencerons notre rando le lendemain ; nous arrivons à 18h après une heure de route terrible où un 4×4 aurait été plus que nécessaire. Ce village perdu dans les montagnes, est le point de départ d’une fameuse randonnée de 5 jours. Nous, on prend l’option « 1 jour »… la tente à 5000m, températures négatives, ce n’est plus d’notre âge (Simon a eu 40 ans le 9 juin ;-)). Il fait donc nuit quand on arrive, mais cela n’empêche pas les femmes et enfants du village de se précipiter vers notre camping-car avec leur baluchon pour nous vendre de « l’artisanat ». Ils sont surpris de découvrir qu’on dort dans notre casa rodante. Tout ça se termine par une visite de notre intérieur : ils sont plutôt intimidés au début mais ça n’ dure pas. C’est assez folklo tout ce monde serrés dans le camping-car ; les femmes gardent leurs baluchons sur le dos ! Les enfants traduisent nos conversations aux plus âgés qui ne parlent que le Quechua. On convient que les enfants joueront ensemble le lendemain au retour de notre rando. Le lendemain, à 16h, deux des enfants sont là et attendent. Quand ils partent, reste leur odeur… sans doute odeur des pieds car dans l’ensemble nos visiteurs semblent propres et leurs habits sont lavés… ça on le sait parce qu’on voir à longueur de routes des lessives pendre sur les murets et arbustes (ils n’utilisent pas de fil à linge ici, comme dans beaucoup d’endroits traversés ces derniers mois).
Notre guide Cirilo est surpris d’apprendre que nous cultivons de la pomme de terre en dessous de 3500m d’altitude en France ! Ca lui est inconcevable.
On ne se fait pas tous les sites Incas de la Vallée Sacrée, histoire de ne pas faire de jaloux avec les civilisations d’Amérique Centrale, où nous avions zappé tous les grands sites mayas du Yucatan, Chiapas, et même Tikal.
Le foot
Un p’tit mot sur le foot. Juin, c’est l’Euro, mais aussi la Copa America. C’est dans une ambiance feutrée à Huaraz que Tanguy assiste à la victoire du Pérou contre le Brésil. Point de klaxonne dans les rues, mais une fierté tout d’même d’avoir éliminé contre toute attente le voisin brésilien. Dès le lendemain, des grosses peintures sur les bords de la Panaméricaine font référence au but mis de la main. Et nous suivons aussi les matchs importants de la Coupe d’Europe, tous retransmis en live, en plein après-midi, dans n’importe quel bar ou supérette du Pérou. Il n’y a que la finale France-Portugal que nous n’aurons pas vue, car nous sommes alors en plein Amazonie sur une barge.
Le truc le plus machinbudile du monde
Le Pérou ne déroge pas à la règle. Au glacier Pastoruri, ils ont retrouvé des restes de dinosaures. Et pas n’importe lesquels ! Les restes de dinosaures les plus hauts jamais trouvé au monde !
La conduite
Ce paragraphe sur « la conduite dans l’ pays » revient à chaque fois vous dites-vous. C’est parce qu’à chaque fois on pense avoir vu le pire. Et finalement, le pays suivant est pire. Au Pérou, c’est tout simplement « dingue ». Juste un p’tit exemple : quand une voiture arrive à un carrefour, elle klaxonne, ce qui lui donne le droit de ne pas faire le stop. Pas besoin d’vous faire un dessin : deux voitures qui passent au même moment vont toutes les deux klaxonner, passer à fond et se rentrer dedans ! Voilà donc que Simon ne klaxonne plus uniquement quand il double (technique apprise en Amérique Centrale), mais il klaxonne aussi à chaque carrefour pour de pas devoir s’arrêter…
Les routes sont en mauvais état et il y a des rompe-muelle partout (l’équivalent des topes mexicains, tumulus guatémaltèques). Et finalement, heureusement qu’il y en a, car les Péruviens ne respectent pas les limitations de vitesse (y a-t-il un code de la route en fait ?).
En bref, le Pérou : des paysages grandioses, des randonnées parmi nos plus belles depuis celles des Etats-Unis et des sites archéologiques très bien mis en valeur. Les Péruviens sont assez distants avec les étrangers et semblent ne voir que leurs portefeuilles. Mais quand on s’éloigne un peu des secteurs bondés, on trouve autre chose que ces marchés remplis d’artisanat plus ou moins péruvien et on fait de belles rencontres.