les questions qu’on nous a posées

Dans 2 jours nous rentrons en France et reprenons notre vie de sédentaire. Ce sera la découverte de la vie de collégien pour Marguerite et Tanguy. Justin sera en terrain connu à l’école de Prémanon. Retour au boulot aussi pour les parents 😉 Cet article aborde les questions qui nous ont été souvent posées quant à notre vie de nomade pendant 30 mois, d’avril 2015 à octobre 2017.

L’eau

Nous avons appris à économiser l’eau. Nous avions généralement 200L d’eau dans la cuve avec laquelle il fallait tenir une petite semaine ; ça fait donc 8L par personne par jour pour : se laver, les WC, cuisiner et boire ! A partir du Mexique, nous avons utilisé pour la cuisine et la boisson 2 carafons de 20L qu’on faisait remplir dans les stations d’eau potable. Nous avions aussi une Catadyn, un système de filtration.

Les WC

La cassette des WC est la grande souffrance de tout camping-cariste. Elle est pleine au bout de 2 jours … Il faut donc  la vider ; ça pue ! Dans les pays développés comme le Canada, USA ou Australie, il y a des « dumping station » qu’on identifie rapidement avec des applis sur nos smartphones. A de rares occasions on ne trouve aucune « dumping station ». On vide alors dans des toilettes publiques mais c’est alors loin d’être l’idéal. Quant aux pays d’Amérique latine et d’Asie, c’est le plan B : on vide dans la nature, loin des zones d’habitations et des points d’eau de préférence. Quand on sait le nombre de déchetteries sauvages qu’il y a partout dans ces pays, on a la conscience assez tranquille, d’autant plus que nous n’utilisons pas de produits chimiques dans la cassette.

Le passage des frontières

A chaque entrée dans un pays, un peu de paperasse, mais rien de vraiment lourd. Le tour est joué en une heure généralement. Ceci dit, les frontières terrestres sont toujours plus folklos qu’aux aéroports. Pour résumer, disons que c’est plus olé-olé, un peu d’impro et des arnaques toujours possibles en Amérique latine. Quant au passage du camping-car, nous sommes devenus les champions des importations temporaires de véhicules étrangers. La meilleure blague, c’est le Panama qui nous l’a réservée : en voulant sortir du pays, le système informatique de la p’tite dame lui annonce que ce véhicule n’est jamais entré dans l’pays, en tout cas pas par une frontière ! Ben tiens donc ! J’me souviens de ces va-et-vient à la frontière Costa Rica-Panama ! Il a fallu faire une importation aposteriori puis le ressortir le même jour, j’vous raconte pas le stress à deux heures d’embarquer pour la Colombie ! Il y a aussi parfois l’étape fumigation qui se révèle souvent être une étape « foutage de gueule », excusez l’expression.

Nous n’avons jamais demandé de visa en ambassade car tous les pays que nous avons visités permettent d’entrer avec un simple visa touristique octroyé à la frontière sur présentation du passeport. Nos empreintes digitales sont désormais fichées dans tous ces pays ! Même pour l’Australie, ce fût un processus très rapide, par internet ; nous avons rempli un questionnaire et dans la minute qui suivait on recevait l’acceptation par email de visa touristique d’un an, gratuit, contrairement à certains pays d’Amérique latine où on se fait prendre quelques dollars par-ci par-là, sans toujours savoir si c’est officiel ou pas ;-). C’est bien souvent que dans ces pays-là il y avait une affiche sur le bureau de douane qui indiquait que si le douanier nous demande de l’argent, il faut exiger une facture.

 

L’école

Les supports du CNED sont vraiment extrêmement bien faits. C’en reste pas moins difficile de motiver nos trois loustics à travailler un peu chaque jour. On a essayé de se tenir à une à deux heures par matin, juste après le p’tit déj’. Mais il y a toujours de bonnes raisons pour « sauter » ce jour-ci ou ce jour-là : une visite, une rando, une plage, des copains, de la route à faire, etc… Et quand aucune de ces excuses n’est à disposition, il y en a toujours un qui décide de ne pas travailler. Je pense qu’on a été de moins en moins assidus au fur et à mesure du voyage. Quoi qu’il en soit, je crois que j’ connais maintenant bien les programmes de CE1, CE2, CM1, CM2, 6ème et 5ème !

Que vont donner ces 2 années d’école semi-buissonnière (si l’on en juge le nombre d’heures de travail) ? On a compensé avec des rencontres variées et enrichissantes, des visites de musées et de sites qui ne « rentrent » pas forcément dans le programme, ainsi que la compréhension et l’expression dans deux langues étrangères, anglais et espagnol. Ils se débrouillent plutôt bien maintenant ; on est à chaque fois épatés.

 

L’itinéraire

La seule chose que nous avons respecté de notre itinéraire initial, ce sont les continents visités : Amérique, Asie et Océanie. Très vite dans le voyage nous avons changé d’itinéraire. Tout d’abord, nous avons fait route vers la Floride au lieu d’aller au Québec, car le froid de mai n’nous branchait pas trop. Des rencontres aux USA avec des voyageurs au long cours qui revenaient d’Amérique latine nous ont convaincus de visiter l’Amérique centrale et de ne pas avoir peur de la Colombie (merci aux Nocybb et à Anne-Marie/Gabriel). On avait évidemment déjà acheté nos 5 billets d’avion Los Angeles-Mexique aller-retour pour passer quelques semaines à San Agustinillo… avion qu’on n’a jamais pris. On a tout visité l’Amérique centrale en camping-car. Quelle erreur ç’aurait été de passer à côté du Mexique, Guatemala, Nicaragua et compagnie !

Modification suivante : on zappe la Bolivie car au moment où on se dit qu’il fait trop froid sur les hauteurs péruviennes on voit une pancarte « Sao Polo – 5460km » ; l’idée de rejoindre les côtes du nord Brésil pour faire du kitesurf chatouille Simon depuis quelques mois, mais c’est un gros détour selon notre plan d’itinéraire initial. Mais par l’Amazonie, c’est juste-là, à porter de main. Donc changement de cap – en une heure la décision est prise ! Par conséquent, on ne fera pas le nord du Chili ni le nord de l’Argentine.

Au début du projet, nous pensions voyager 2 ans et s’arrêter 1 an pour travailler puis rentrer en France ensuite. Finalement, on avait suffisamment de fonds pour voyager sans travailler et on s’est aussi rendu compte que chercher du travail tout en voyageant avec 3 enfants n’est pas simple. Après l’Amérique latine, on s’est posé beaucoup de questions : restons-nous sur le continent américain et remontons-nous le continent du sud au nord pour voir tout ce qu’on n’a pas vu et revoir tout ce qui nous a plu ? Aller directement en Australie puis en Asie ? On a finalement décidé d’aller en Asie du sud-est quelques mois mais on n’a pas trop bien géré car on a finalement fait que la Malaisie en camping-car (voir notre carnet de route sur la Thaïlande qui explique le pourquoi du comment)… ça fait cher le transport maritime pour juste un pays, d’autant plus que la Malaisie est loin d’être notre pays favori ! Sans doute l’erreur de parcours de ce voyage. Quant à l’Australie, nous avons visité à peu près les parties du pays que nous avions prévu, à l’exception du Queensland que nous avons délaissé au profit de plus de temps dans le New South Wales pour la pêche. Et nous nous demandons encore si un camping-car 4×4 n’aurait pas été mieux au pays des kangourous car de nombreux sites et bivouacs ne sont accessibles que par des mauvaises pistes ; on a retourné le problème dans tous les sens. Mais aucun camping-car 4×4 n’est vraiment adapté pour cinq personnes ou alors c’est un gros consommateur de gasoil, ce que nous ne souhaitons pas. Il y a bien l’option du véhicule 4×4 avec remorque tente ; mais pas gérable avec tout notre matériel, l’école, etc…

 

La santé et les assurances en général

En 30 mois de voyage les problèmes de santé se comptent sur les doigts d’une main : on a commencé fort avec une fracture du bras pour Justin au sud de Washington, ce qui nous a permis de découvrir le système hospitalier américain et ses tarifs !

Quelques diarrhées, le grand classique au Guatemala et au Pérou. Trois otites en Malaisie dont une qui n’est pas partie avec mon remède « oignons chauds » donc on a eu le plaisir d’aller à l’hôpital malaisien : personnel administratif musulman et médecins hindous ; et comme c’était fin janvier en pleine période de nouvel an chinois, tout l’hôpital était décoré avec des lampions rouges. Dernier pépin,  une urgence dentaire en Australie. Voilà tout ! Et visites chez le dentiste au Mexique, Costa Rica et Malaisie, pour contrôle et caries. A chaque fois service impeccable. Niveau remboursement des frais de santé, nous avons souscrit une assurance « voyageurs » auprès d’une société privée AVI International, qui couvre les frais en cas d’accident. Finalement, on se rend compte que nos frais de santé sont très faibles en voyage. Il y a eu des situations où on serait sans doute allé consulter si nous avions été en France. Mais soit le pays où nous étions alors ne s’y prêtait pas, soit le temps d’arriver à une ville le bobo était réglé. Et puis, vu qu’on a voyagé essentiellement dans les bonnes saisons, pas de grippe ni de nez qui coule ! Excepté en janvier 2017 après notre passage en France ;-).

Petit mot sur les vaccins que nous avons fait avant de partir. Ce serait à r’faire, on éviterait certains vaccins qui se sont avérés vraiment inutiles : fièvre jaune et rage notamment. Au centre de vaccination, les médecins disent qu’il faut faire la totale ; sur les sites officiels du gouvernement les obligations vaccinales par pays ne correspondent pas à ce qui est véritablement exigé aux frontières (en fait, aucun douanier ne nous a demandé notre carnet de vaccination !) ; …

Quant à l’assurance du camping-car, c’est plutôt simple. En Amérique du nord et centrale, l’assurance est obligatoire : souscription par internet (USA, Canada, Mexique) et vendeurs aux frontières pour le reste ; sauf au Guatemala où aucun assureur local ne veut assurer des véhicules étrangers et aucune assurance étrangère ne veut assurer le Guatemala. Ce fût notre première expérience « rouler sans assurance ». Mais pas la dernière ! Car idem pour Colombie, Equateur, Brésil, Chili, Uruguay, Argentine, Malaisie et même Australie ! Aucun accident, ouf ! C’est sûr que ça va nous faire drôle de retourner dans un monde où tout doit être assuré !

 

Que mange-t-on ?

Le principe de base dans un camping-car : cuisiner simple. Comme on a peu d’eau à disposition, je fais cuire le riz façon pilaf et les pâtes aussi ! En outre, le frigo est petit et le congèl’ minuscule. On a souvent fait des crêpes car les ingrédients sont faciles à trouver partout et c’est le dessert français le plus facile à faire. Je me suis essayé quelques fois aux gâteaux à la poêle et à la casserole. C’est toujours un régal. Il nous est même arrivé de faire du pain quand y’en avait marre du pain de mie.

Dans la plupart des pays d’Amérique latine et d’Asie du sud-est, les supermarchés sont rares et on fait nos achats quasiment au jour le jour dans les épiceries de village, où étonnement on trouve tout le nécessaire de survie alimentaire. Dans les pays où la vie n’est pas chère, on prend nos repas dans des « restos de rue » où le menu est invariablement le même : riz, flageolets et morceau de viande. Quelques spécialités locales comme la soupe en Equateur viennent quelque peu égayer le menu, mais le riz-frijoles est vraiment une constante. Au point que Marguerite boude le resto, elle en a marre. Dans certains pays d’Amérique du Sud, on préfère finalement ne pas goûter à la cuisine locale car la tourista est toujours au coin de la rue. On connaît une famille voyageuse qui a goûté à tout mais qui devait aller à l’hôtel une semaine par mois pour gérer les diarrhées et autres effets secondaires ! C’est typiquement le cas au Mexique, Guatemala et Pérou à cause des réseaux d’eau approximatifs et des frigos inexistants. Cette absence de frigo veut aussi dire pas de produits laitiers ni de chocolat en vente. Ce fût dur dur. Quant à la viande dont on n’est déjà pas très consommateurs habituellement, on en achète rarement car les boucheries ne sont pas vraiment convaincantes.

On s’est régalé de galettes de maïs de toutes sortes en Amérique centrale. Et une fois dans la zone tropicale, que de bons fruits et légumes ! L’utilisation du lait en poudre en Amérique du sud est étonnante : ils l’utilisent pour saupoudrer des glaces, des yaourths et autres desserts !

En Asie, c’était resto midi et soir car tellement bon et à des prix hyper bas !  La Thaïlande est sans conteste notre meilleure destination culinaire en 30 mois (à part notre passage en France en décembre 2016 bien sûr ;-)). En Australie, on a retrouvé les supermarchés qu’on avait quitté en Amérique du nord ; tout est comme en France, à la nuance près que les rayons malbouffe sont plus longs et les produits sains plus chers. Sans oublier le rayon « kangourou », viande 100% sauvage et bio et la moins chère du rayon boucherie, bien meilleure que les viandes de porc, poulet et bœuf bourrés d’hormones ; pourtant le kangourou est très peu consommé par les Australiens ; nous, nous nous sommes régalés de cette bonne viande jusqu’au dernier jour !

J’ai discuté avec un médecin européen qui travaille depuis 7 mois dans un hôpital à Perth : quand un patient en Europe est en surpoids, les médecins lui proposent un suivi ; en Australie, 90% des patients sont en surpoids, donc c’est « normal », rien n’est mis en place. Même constat qu’en Amérique du nord. Après 4 mois en Australie, on s’est rendu compte qu’on gonflait nous aussi. On a donc pris nos dispositions pour ne pas devoir changer notre garde-robe à notre retour en France !

 

Les douches

Qui dit 40L d’eau par personne par semaine dit finie la bonne douche quotidienne. Et pour ne pas risquer d’user la chaudière (car ça reste du matériel de camping ;-)), on se contente de l’eau à température ambiante, comme pour la vaisselle d’ailleurs. La température ambiante est loin d’être toujours agréable… mais comme on n’a pas des tonnes d’eau, pas d’regrets !

Cela fait maintenant 2 mois que les enfants parlent de la longue douche chaude qu’ils vont pouvoir prendre chaque soir à partir du 10 octobre ! J’crois même qu’ils en rêvent parfois !

Il faut quand même nuancer : à plusieurs reprises on a eu des périodes où nous pouvions prendre des bonnes douches bien chaudes. Lors de nos 10 jours en camping au cœur de Las Vegas, nos 3 semaines en camping à Zipolite au Mexique, dans la plupart des stations-services du Brésil, en Australie car nous avons fait plus de campings qu’ailleurs, et à chaque fois que nous avons loué des maisons/appartements (Uruguay, Tokyo, Singapour, Thaïlande, Philippines et Gold Coast). Bref, on n’a pas vécu 30 mois sans prendre de bonnes douches bien chaudes quand même 😉 !!!

 

Kitesurf

Ce sport que personne ne pratiquait dans la famille avant notre voyage a guidé quelques-unes de nos destinations, voire participé aux modifications de tracé du voyage. Premiers essais en Floride pour Simon, c’est sur notre trajet ; puis 2 semaines d’apprentissage à La Ventana, spot qu’il avait déjà identifié avant de partir, village québecois au Mexique où on nous parle beaucoup du Ceara brésilien… ; semaine au Nord du Costa Rica, spot où de nombreux français viennent en vacances et que Simon avait aussi identifié avant de partir ; Vicuna au nord de Santiago que des Chiliens rencontrés à la Péninsule Valdès nous ont recommandé ; trop tentés par les mythiques spots du nord de Fortaleza au Brésil, c’est bien cela qui a fait qu’on a viré « est toute » et traversé l’Amazonie au lieu de visiter la Bolivie ; et enfin la destination de Boracay aux Philippines étaient une destination 100% kitesurf (vent et qualité de l’eau décevants d’ailleurs – voir notre carnet de route). On ne pensait pas faire de kite en Australie à cause des risques requins/méduses. Mais finalement, c’est sur la magnifique côte ouest dans le parc national Ningaloo (Cape Range NP – Sandy Beach) que les conditions étaient les plus belles de tout le tour du monde : vent parfait, plan d’eau flat, zéro pollution et personne ! Certes au Brésil l’eau est plus chaude, mais la densité de kitesurfeurs au m2 est bien plus dangereuse.

Communications

Voyager à l’aire d’internet rend le périple bien plus confortable. L’aspect « aventure » est moindre du fait que des applications nous aident à trouver où bivouaquer, où trouver du gaz, de l’eau dans tous les pays visités. Aucune exception. Le risque de tomber en panne est inexistant car on sait exactement où se trouvent les stations-services et on anticipe, aucune surprise. Des applications nous précisent quels sont les points d’intérêts à ne pas manquer, notamment ceux débusqués par des baroudeurs et non ceux dictés par les enjeux commerciaux listés dans les guides de type Lonely Planet. Des applications et forums internet donnent des listes à jour de transitaires pour les transports maritimes, y compris pour la traversée de l’Amazone. Bref. Tout est prémâché. Le voyage en est donc évidemment différent de celui effectué par le camping-cariste des années 90s, mais le voyage n’en reste pas moins une expérience formidable et unique. Sans doute avons-nous perdu moins de temps à tourner en rond. Peut-être moins d’occasions de se retrouver dans la cour d’une maison perdue au fond de la vallée et toutes les rencontres qui en découlent. Mais plus de temps pour faire d’autres rencontres. Bref, différent. Quant aux communications avec la famille, c’est évidemment tellement simple. Skype et Facetime ont notamment permis aux papys-mamies de voir leurs petits régulièrement. Le pays où les contacts auront été les plus rares, c’est en Australie car les semaines sans réseau téléphonique ont été nombreuses ! Même les McDo, tant utilisés comme base d’appel quand nous étions en Amérique du nord, n’offrent pas la wifi au pays des kangourous ;-(.

Internet aide aussi beaucoup pour la réservation des transports maritimes ; alors qu’il fallait faire le tour des ports il y a 15 ans, tout est réglé en 3 emails désormais. On n’a pas d’mérite !

Coût

A la louche, les transferts du camping-car en cargo représentent un quart du coût global ; les billets d’avions un huitième. Pour le quotidien, y compris le carburant, c’est 60%. Bref, on a respecté l’budget !

 

Que fait-on durant les grands trajets ?

Regarder le paysage. Prendre des photos. Lecture. Devoirs. Jeux sur Ipad. Jeux de sociétés. Lego. Musique. Coloriage. Siestes. Sauf Simon pour qui le programme est moins varié, il conduit.

Bien souvent les 3 passagers à l’arrière n’ont pas la ceinture…. mais restent assis. Quelques fois les enfants restent dans leur lit, pour dormir, lire, dessiner ou jouer. On n’avait pas bonne conscience de voyager ainsi sans être attachés, jusqu’à ce qu’on rencontre les GLEN, une famille nomade comme nous : leur fils s’est cassé le pied en jouant au foot dans le camping-car en roulant ;-)!

Il y a des jours où les enfants décident de se battre ; alors on fait la police un peu plus que les autres jours. Ils pleurent ; on se fâche ; … pas besoin de détailler, hein !

 

La sécurité

Avant de partir on avait lu tant de mauvais retours d’expérience d’Amérique centrale et nous avions tant d’aprioris négatifs sur la Colombie et le Pérou. Aux USA, les Américains nous ont mis en garde contre la violence au Mexique ; au Mexique les Mexicains nous ont mis en garde contre les dangers du Guatemala ; au Guatemala les gens étaient très étonnés de nous entendre dire que leurs voisins mexicains sont tout aussi sympathiques qu’eux ; … Bref, conclusion après 30 mois de voyage : tous les gens sont très accueillants, encore  plus quand ils nous voient débarquer avec un véhicule français et 3 enfants dont une tête blonde aux yeux bleus ! Parce que Victor Hugo résume cet état de fait tellement bien, je le cite : « les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais ».

Nos moins bonnes expériences sont sur les lieux hyper touristiques où les locaux considèrent l’étranger comme un porte-monnaie. C’est au nord-est du Costa Rica qu’on nous a eu le plus mauvais accueil et une proposition délirante pour dormir sur le parking d’un hôtel quelconque : 200 dollars ! La grosse blague !

Les 2 pays les plus « safe » qu’on ait visité sont le Japon et l’Australie. En Australie, on partait parfois plus d’une heure en laissant notre camping-car ouvert, les ordis sur la table, les téléphones sur le tableau de bord : pour aller plonger, pour aller au barbecue sur le parc plus loin, pour aller faire quelques courses… Quel bonheur de ne pas craindre d’être volés ! Rien à voir avec l’Amérique latine où on cachait tout dans les coffres sitôt qu’on devait quitter des yeux notre véhicule plus de 2 minutes ! Nous n’avons subi aucun vol de tout le voyage, y compris lors des transports maritimes. Finalement, la seule fois où on aura été volé, c’est sur le parking de Leroy Merlin à Dijon quelques semaines après avoir acheté notre camping-car ! Donc nous resterons vigilants en France, comme nous l’avons été en Amérique latine – ni plus, ni moins !

Linge et lessives

On a suivi les conseils des Vandelle qui étaient partis en voyage quelques années avant nous : « n’apportez pas trop de fringues, on en utilise très peu en voyage ». Et en effet, la garde-robe de chacun d’entre nous tient dans un cube de 30 cm de côté ; il y a même des habits qu’on n’a jamais porté. Les enfants portent leurs vêtements beaucoup plus de jours qu’en France, ils les gardent même s’ils sont un peu tâchés, tant que ce n’est pas crade et que ça ne sent pas mauvais. En France, ce serait direct à la machine à laver, mais entre nous, ça passe.  C’est fou comme ce que « les autres pensent » est un poids dans la vie de sédentaire. Les 3 moments du voyage où le linge a été le plus difficile à gérer, c’est lors des 3 expériences à l’école (USA, Mexique et Australie) ; on veillait à ce qu’ils soient « propres sur eux ». Donc passage à la laverie chaque fin de semaine ! En dehors de ces trois périodes de vie sédentaire et intégrée, on allait à la laverie une fois par mois à peu près. Voire moins lorsque je pouvais laver du linge dans les cours d’eau ou dans des points d’eau publics. De toute façon, les laveries n’existent pas partout et il est des régions où il est impossible de laver son linge autrement. Parfois on a donné notre linge à une dame du village qui le lave à la main ou à la machine rudimentaire et les fait sécher sur un fil à linge au mieux, plus souvent sur sa barrière et les toits de maison. En Colombie, on a même vu un gars en mobylette transporter une machine à laver qu’il louait à la journée.

Ceci est une machine à laver au Mexique (Zipolite)

Toujours est-il que nos habits de voyage sont très très fatigués et qu’ils vont finir à la poubelle pour la plupart – sans doute ne reverront-ils pas la France !

Quant aux chaussures, nous étions partis avec une paire de basket et une paire de tongs chacun. On a acheté quelques paires de baskets au fur et à mesure que les pieds grandissaient ; et des tongs au fur et à mesure qu’on les perdait ou qu’on les cassait (et quelques vols aussi ;-)). En tout, 26 paires de tongs quand même ! J’ai tenu un journal des lieux où on a oublié des tongs et des chaussures. Contrairement à la vie de sédentaire où il y a toujours l’espoir de retrouver quelque chose dans le carton « objets trouvés » à l’école, c’est souvent 500km plus tard qu’on se rend compte qu’on a oublié un truc quand on voyage. Trop tard pour faire demi-tour !

Mécanique

Simon a parfaitement géré la mécanique du camping-car. Au moindre bruit, il analyse, il anticipe la panne. A part le couac du roulement à Brisbane, il a toujours fait faire les réparations avant qu’il ne soit trop tard. Et le coup de Brisbane, c’est d’ ma faute car je lui disais « peut-être que ça peut tenir jusqu’en France, on rentre dans seulement 3 mois …. ». Aversion au risque versus prise de risques !

Pas une seule crevaison en 80 000 km ! Quant aux vidanges, on a eu la version « au garage » (Canada et Argentine), « au camping » (Mexique) et « sur un parking de stade » (Australie). Au niveau de la cellule, tout a tenu. On a changé un venteau et quelques coups de mastics par-ci par-là. Certes le frigo avait du mal à maintenir une température en dessous de 10°C quand il faisait très très chaud dehors (comme en Amérique centrale, en Malaisie et dans le désert australien), mais il n’a pas lâché. Bravo !

 

Nos coins préférés

Chacun d’entre nous a ses coups d’cœur et on a d’excellents souvenirs de chacun des 26 pays visités. Mais les sites qui reviennent le plus entre nous 5 sont :

  • Les parcs nationaux de l’ouest américain (Grand Canyon, Zion, Bryce, Yellowstone,…)
  • L’ambiance colombienne ainsi que les paysages du centre du pays
  • Les régions montagneuses du Pérou : Cordillère blanche, Vallée des Incas et Ausangate
  • La Patagonie pour les baleines de Puerto Madryn, le Perito Moreno et la Carretera Austral
  • La Thaïlande pour le bouddhisme et les restos
  • L’Australie pour toutes ses côtes préservées, avec mention spéciale pour Ningaloo la petite barrière de corail.

Au-delà des « plus beaux panoramas », ce qui m’aura le plus plu et marqué durant ces 30 mois de voyage, ce sont les rencontres avec les locaux et avec d’autres voyageurs. Que de belles personnes nous avons croisées ! Que de vies différentes ! Internet permet de garder contact facilement et je me prends parfois à rêver de faire le même voyage dans quelques années rien que pour revoir chacune de ces personnes/familles.

Quant à tous les voyageurs français et suisses avec qui nous avons sympathisé, nous espérons qu’ils viendront à Prémanon ou qu’on ira chez eux lors d’un tour de France sur le thème « Nostalgie Voyage ».

 

Le voyage nous a-t-il changés ?

Le rythme de vie d’un voyage au long cours est différent de celui d’une vie sédentaire. Est-il plus cool ? sans doute. Moins de contraintes horaires, aucune contrainte sociale. Mais il y a d’autres contraintes qui viennent les remplacer 😉 Quelques exemples :

  • Ranger en permanence : pour passer de l’espace nuit à l’espace jour (déplacer des objets qui ont leur résidence sur les lits le jour et sur les bancs/table la nuit) ; avant de rouler ranger la salle de bain et toute la cuisine, vérifier que toutes les fenêtres sont fermées (mais c’est très souvent qu’on oublie et qu’on opère en roulant) et fermer les placards (mais il y en a toujours un qu’on oublie et qui s’ouvre en roulant ;-)) ;
  • Anticiper un bivouac avant la tombée de la nuit, nuit qui arrive toujours trop vite ! Etre prêt à décamper en plein milieu de la nuit lorsqu’on choisit un bivouac non-autorisé et qu’on est vus (c’est arrivé rarement, ouf !);
  • Toujours être les uns sur les autres, aucun espace tranquille. Des « maman ! », « papa ! » du matin au soir sans interruption. Sur ce point, nous avons rencontré des familles qui se sont organisées différemment : un jour sur deux un parent prenait 3 heures « rien que pour lui » pendant que l’autre faisait l’« école ». Nous n’y avons pas pensé, ou tout simplement est-ce moins possible avec 3 enfants ? Et puis de toute façon, ça ne durait jamais 3 heures 😉 Toujours est-il que quelle que soit l’organisation, les enfants se chamaillent bien plus dans une vie nomade que dans une vie sédentaire où ils ne sont pas 24/24 ensemble – on a vraiment l’impression de faire la police du matin au soir.

 

Dès les premières semaines du voyage Simon et moi nous nous faisions la réflexion en voyant Tanguy, Marguerite et Justin évoluer : « nous ne connaissions pas nos enfants avant ! ». Désormais, on saisit bien les caractères de chacun :

  • Tanguy est celui qui est toujours emballé par toutes les visites, toutes les rencontres ; il est hyper curieux et extériorise son étonnement à chaque chose qu’il découvre. C’est vraiment agréable. Il a beaucoup d’humour et fait rire les deux autres avec ses clowneries et blagues. En revanche, l’adolescence pointe gentiment son nez et ses blagues commencent à nous peser ; il chamaille sa sœur sur tout et rien. Dans le même temps, il est en admiration devant sa sœur et son frère et il le dit, il les complimente. Pendant ce tour du monde, il a affiné sa compréhension de l’histoire des religions, il est fâché d’avoir été baptisé « catholique » sans son accord formel (il n’avait pas un an ;-)) et est maintenant bien décidé à approfondir les pratiques bouddhistes.
  • Marguerite aime parler avec tout le monde et être mise en avant. L’âge de ses amies l’importe peu – elles ont de 2 à 80 ans. Elle aime parler et partager avec les autres touristes les points intéressants qu’on vient de faire. C’est elle qui est à l’origine de nombreuses belles rencontres. Comme en témoignent la plupart des familles en voyage, les enfants sont un passeport incroyable pour aller à la rencontre des locaux ; mais Marguerite est une championne en la matière. Juste quelques exemples parmi des dizaines : au Brésil, elle quittait notre campement au lever du soleil (6h) pour aller boire un café avec le gérant tous les matins et elle partait ensuite acheter le pain avec lui en mobylette (de sa propre initiative, nous lui avions rien demandé de tel, mais on est ravi d’avoir le pain tout chaud ;-)), et en discutant avec un client du resto elle nous a dégoté une voiture pour une semaine pour pouvoir aller faire du kitesurf à toute heure, sans la contrainte de réserver la navette ! Le summum, c’est à Ningaloo où elle attendait les touristes sur la plage et leur proposait de les emmener nager avec les tortues. Tous revenaient ravis, prenaient ses coordonnées et des photos avec elle. Un soir que nous étions sur la terrasse d’un bar à attendre le lever de Lune (Broome), elle ose demander à un « cocktail privé » si elle peut se servir un wrap car il y en a beaucoup plus que de convives. Elle revient vers ses frères avec une assiette entière ! Tanguy n’en revient pas de ce que sa sœur est capable d’oser.
  • Justin, comme avant le voyage, est le seul des trois à pouvoir jouer seul, tranquille dans son coin pendant des heures. Timide, il a toujours besoin de son frère ou de sa sœur pour s’intégrer à un groupe d’enfants. Mais une fois à l’aise, plus besoin d’eux ! Il s’attache beaucoup et par conséquent les « au revoir, on ne se reverra sans doute plus » sont difficiles. De plus en plus difficiles. Il est vraiment triste de « quitter ses amis ». Justin est rapidement à l’aise dans toutes les activités qu’il touche – psycho-moteur ok. Tanguy et Marguerite le couvrent de bisous à longueur de journée ; il en joue et obtient toujours ce qu’il veut d’eux. Le p’tit chouchou, le doudou.

Quant au couple, comment dire… après 22 ans de vie ensemble dont ces 2 ans et demi 24h/24h non- stop, on commence à bien s’connaître 😉 A peine dans l’avion du retour, on a des déjà des projets plein la tête ; projets de voyage au long cours bien sûr (c’est un virus, on nous avait prévenus !), et aussi projets de visites et d’activités que des rencontres nous ont donné envie découvrir.