Costa Rica – Panama

Le film, les photos et le carnet de route – Costa Rica et Panama – avril 2016

ICI les photos du Costa Rica et du Panama

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Tout d’abord, une semaine sur un spot de kitesurf à Bahia Salinas, côte pacifique. Nous parcourons ensuite le pays d’est en ouest, du sud au nord… on n’ visite pas tout, loin de ça, parce que de nombreuses routes ne sont pas faites pour notre camping-car ; et surtout parce que nous constatons rapidement que le Costa Rica surjoue son territoire. Certes il y a de belles forêts tropicales, une faune et une flore protégée, des très belles rivières et des sources d’eau chaude incroyables, quelques plages encore intactes ; nous avons en particulier adoré la région d’Arenal. Mais finalement, ont-ils vraiment le droit de se vanter d’avoir une si belle nature quand on sait qu’en quelques dizaines d’années ils ont défriché 70% de leurs forêts ? Le pays était en effet quasi entièrement une épaisse forêt. Alors heureusement qu’en 2016 il y en a encore 30% ! Et puis, tout est tellement « fait pour le touriste », c’est désolant. La moindre petite cascade nous est vantée comme « le site à ne pas manquer au Costa Rica » ; des canopées avec train aérien ou pont suspendu en veux-tu en voilà. Et ce sont rarement des locaux qui sont propriétaires des infrastructures : beaucoup d’Américains et d’Européens. Déstabilisant ces « German Bakery », « Beer Belgium » et autres maisons suisses dans ce paysage tropical. Je parle rarement de prix, mais là, le Costa Rica abuse tellement qu’il mérite qu’on le dise : tout est cher, très cher, tellement trop cher par rapport aux salaires des employés ! C’en est choquant. 16 dollars pour accéder aux sentiers du volcan Arenal, sans guide bien sûr ; 15 dollars pour une marche de 200 mètres jusqu’au mirador du volcan Poas. A l’entrée de la plupart des villages, il y a un panneau « Aceptamos American express » – terrible, n’est-ce pas ? Côté culture traditionnelle, on est très loin des richesses du Mexique ou du Guatemala. Et les villages sur les Caraïbes sont plutôt bof ; heureusement que la mer y est belle, ça sauve la mise. Bref, on est clairement déçu. Mais pourquoi sommes-nous resté 4 semaines dans ce pays alors ? Et bien, tout d’abord il y avait le kitesurf et des conditions climatiques vraiment sympas. Et aussi deux autres bonnes et belles raisons :

  • EARTH University. 5 lettres pour Ecole d’Agriculture en Région Tropicale Humide où s’éclatent 400 étudiants soigneusement sélectionnés et venant de dizaines de pays différents, 40 profs et tout une équipe d’encadrement passionnée. Earth University où il n’y a enfin plus la notion de tourisme ; une bananeraie au top des processus de production, récolte et d’expédition ; des jardins botaniques et des cultures expérimentales en tout genre ; une faune omniprésente et une superbe forêt primaire. Merci à Johan et Annie de nous avoir ouvert les portes de leur petit paradis au cœur du Costa Rica ! Nous les avons connus à notre arrivée dans le pays sur le site de kitesurf. Johan est français, Annie est canadienne et ils vivent à Earth depuis 8 ans, avec leurs 3 enfants. Rapidement on sympathise ; la p’tite famille venait de passer une année sur un catamaran pour faire Belize-Tahiti. Une famille qui aime le voyage quoi ! Virus transmis par le papa, Johan, qui avait voyagé 7 ans sur un voilier avec ses parents dans les années 80s, l’aventure « Trois Petits Mouss et puis s’en vont ».
  • Retrouver enfin les Moureaux, des amis-voyageurs que nous avons quittés début janvier. Nous souhaitons vraiment passer quelques jours ensemble avant qu’ils ne retournent en France. Ils ont trois garçons plein d’énergie qui fonctionnent comme nos 3 zouzous, et les parents Maria et Esteban sont tellement drôles et attachants ! Et passer avec les Germain de super moments.

Après 1 mois au Costa Rica, nous traversons à toute vitesse le Panama. Non pas que ce pays ne nous intéresse pas. Au contraire, nous avions bien envie de voir ce qui s’y passe après notre expérience costaricienne. Mais à cause d’une histoire de cargo pour passer en Colombie, qui se présente en dernière minute, nous devons vite aller à la capitale. Grosse déception, pour les enfants et les parents, de ne pas avoir passé plus de temps avec les Moureaux à visiter le Panama. Et en plein Panama Papers, j’aurais bien aimé aller enfin sentir de près cette ambiance de société offshore 😉

Qu’avons-nous eu le temps de voir du Panama alors ? Le fameux canal de Panama et son musée à Miraflores bien sûr. Et cette poignée de jour au Panama nous a permis de constater encore et toujours le grand écart de niveau de vie entre d’une part des populations à la vie rudimentaire dans la jungle ou dans des taudis aux périphéries des villes et d’autres part ceux qui vivent façon « pays riches » avec tout le confort voire le luxe. Ce grand écart, on l’a vu et revu dans toute l’Amérique Centrale – on voit des femmes qui lavent leur linge dans la rivière, des familles s’entasser dans leur cabane en tôle avec porte en sac poubelle, et quelques kilomètres plus loin des voitures de luxe, tenues et accessoires de grandes marques et tout ce qui va avec …

On termine notre périple Amérique Centrale avec 5 jours de voilier sur l’archipel des San Blas, îles qui appartiennent au Panama mais qui sont entièrement gérées par la tribu Guna qui y a ses propres lois et son propre gouvernement. Une région « carte postale » pas (encore) investie par le tourisme de masse.

 

Et encore quelques mots sur l’Amérique Centrale que nous quittons après y avoir passé 6 mois

L’Amérique Centrale, c’est 6 pays qui ont des liens historiques, devenus indépendants de la couronne espagnole au début du 19ème siècle, tout comme le Mexique. Des similitudes aussi dans le développement qui s’en est suivi : peuples indigènes esclaves qui s’organisent peu à peu contre le pouvoir ; puis des guerres civiles où les Américains y mettent leur grain de sel pour ne rien arranger. Seule exception à ce malheureux schéma : le Costa Rica, qui n’a pas vraiment connu de dictature, ni de révolution ou de guerre. Et c’est sans doute pour cela que ce petit pays a su développer le tourisme avant les autres. Son voisin le Nicaragua est en train de le copier. A trois reprises, nous avons été interrogés par des étudiants de Managua sur le thème « développement du tourisme au Nicaragua », et à chaque fois ils disaient clairement vouloir s’inspirer du Costa Rica.

Cuisine

Les repas des populations les plus pauvres : riz, haricots secs et tortillas à tous les repas, avec de la viande de temps en temps. Quelques petites différences d’un pays à l’autre tout de même : alors qu’au Guatemala les Mayas sont derrière leur four à tortillas toute la journée, c’est déjà moins fréquent au Nicaragua, et on n’en voit plus du tout au Costa Rica ni au Panama. Le Salvador et le Honduras sont véritablement des charnières où les fours à tortillas sur les bords de route restent fréquents. Le Costa Rica est incontestablement le pays où nous avons mangé les meilleurs fruits de toute l’Amérique Centrale. Nous supposons que cela vient du fait que leur industrie agro-alimentaire est bien plus développée que chez ses voisins.

Volcans

Attention, volcans actifs : au Costa Rica, nous nous sommes contentés d’un petit parcours au pied du volcan Arenal car comme nombre des volcans de ce pays, il est trop actif et donc interdit aux touristes. Nous avons trouvé porte fermée pour le volcan Masaya en périphérie de la capitale nicaraguayenne ; en grosse reprise d’activité depuis début février 2016, le site n’est désormais ouvert qu’aux scientifiques.

Chaud

A part au Guatemala, nous avons toujours eu plus de 30 degrés. Rares sont les nuits où la température est tombée en dessous de 26°C, avec des jolies pointes à 38°C en journée. Seul le vent de la côte ou bien monter dans les montagnes nous donnaient de quoi souffler un peu. J’ai surpris Justin et Marguerite chanter « Vive le vent d’hiver » alors que nous croulions sous la chaleur dans la ville de Liberia au Costa Rica (ils ont retrouvé par hasard un livre de chant au fond d’une armoire… drôle d’hasard, non ?)

Semana Santa – (semaine de Pâques)

Ici, point d’ cloches, poules ou autres lapins en chocolat, au grand désespoir de Marguerite, Justin et Tanguy. A quelques jours de Pâques, ils commencent à être inquiets de ne voir aucun chocolat en vente dans les magasins. Ils demandent à leur petit copain du moment, Colin (fils des gérants de la base de Kitesurf au Nord du CostaRica), s’il y a bien des lapins qui apportent des chocolats. Il leur confirme que non, pas de chocolat au Costa Rica. Le Dimanche matin, en effet rien. Ce n’est pas que nous sommes des parents ignobles, mais c’est juste qu’il n’y a vraiment AUCUN chocolat en vente ! Comment expliquer aux enfants que « Oui, c’est ici que le cacao pousse », mais que « Non, il n’y a pas de chocolat à manger ». Parfois des boutiques ont des barres de chocolat mais elles sont complètement fondues. Même les quelques grands supermarchés ne savent pas mettre le chocolat dans des frigos… donc tout est toujours fondu ! C’est uniquement dans des stations essence que j’ai réussi à mettre la main sur quelques malheureuses barres Milka qui se battaient en duel… j’ai fait une grosse razia à chaque fois. Marguerite a envoyé des emails à ses copains de Prémanon pour savoir si cette crise du chocolat était mondiale… et les copains lui ont envoyé des belles photos des kilos de chocolats qu’ils avaient reçus pour Pâques, les papys-mamies lui ont montré les chocolats par Skype, etc… Dur dur ! Alor elle a regardé en boucle un épisode de « C Pas Sorcier » sur le thème du chocolat. On s’console comme on peut ! Pâques en Amérique Centrale, c’est le plus gros évènement de l’année après Noël. Le truc classique, c’est d’aller à la plage ou au bord du lac le plus proche de chez soi, avec toute la famille, les grosses glacières, la musique à fond et l’alcool à gogo. A plusieurs reprises on nous a recommandé de ne pas rouler pendant le week-end de Pâques car les routes sont alors dangereuses. Signe qui ne trompe pas, la police et l’armée sont très présents pour des contrôles durant toute la Semaine Sainte.

Supermarchés

Dès l’entrée au Mexique, on s’est habitués aux petites boutiques (« tiendas ») que les supermarchés n’ont pas encore écrasés dans cette région du monde. Et plus on avance dans le voyage, moins il y a de supermarchés… à tel point qu’ils nous manquent presque ! Mais le Costa Rica est là pour nous ouvrir les portes de ses Walmart !

Douanes

Du Guatemala au Panama, ce sont 7 douanes. A chaque fois des procédures différentes. Et d’une famille de voyageurs à l’autre, c’est aussi différent ! Mais à chaque fois, des photocopies en veux-tu en voilà. Certains pays ont des processus de sortie du territoire incroyablement longs ; certains c’est l’entre des personnes qui est fastidieuse, d’autres c’est le véhicule. Bref, on est maintenant des pros en matière d’importation de véhicule ;-). Jamais le camping-car n’a été fouillé à l’exception de l’entrée au Panama… mais voyant que ça nous dérangeait de jeter nos pamplemousse récoltés à EARTH et notre grosse sauterelle que nous avions mis au congel, ils ont fermés les yeux et nous ont laissé passer. Souvent, il y a des espèces de vols organisés dans le premier village de chaque pays, où ils font payer un droit de passage : 1 dollar à l’entrée du El Salvador, 5 dollars au Honduras, tout ça en dehors des droits de douane très officiels qu’on vient de payer à chaque fois à l’administration. Alors évidemment on ne tombe pas dans le panneau… enfin, on essaye ;-). La palme revient à la douane d’entrée au Panama avec une taxe de 18 dollars… mais j’esquive la première demande, je discute la deuxième, je n’lâche rien quand une troisième personne remet ça… Et ça passe ! Yeah ! Bon, finalement, ces douanes, c’est l’histoire de 2h-3h maxi.

Ecole

Les écoliers portent toujours la tenue officielle de leur école, couleur des chaussures imposée également (pas de basket), avec bien souvent une chemise blanche. On s’étonne toujours de voir comment les enfants vont à l’école impeccables et bien coiffés, alors que certains habitent dans des taudis. On ne peut s’empêcher de repenser à ce que nous avions vu un an plus tôt lorsque nous étions allés voir Lise qui travaillait dans une famille aisée à Washington aux USA. Les enfants allaient à l’école en vêtements pas vraiment propres voire troués (et parfois en pyjama !) chaussés de bottes de pluie alors qu’il faisait 20 degrés… mais c’est ainsi que les enfants voulaient se chausser ce jour-là, alors… Certes, derrière ces tenues très strictes il n’y a pas toujours la rigueur de l’enseignement/enseignant – le proverbe « l’habit n’ fait pas l’ moine » s’applique parfaitement !

Dans quasiment tous les pays d’Amérique Centrale, nous avons vu des écoles qui avaient 2 services. Les classes des petits c’est de 7h à 12h, et les grandes classes de 12h30 à 17h30 parce qu’il n’y a pas assez de locaux pour recevoir tous ce petits monde en même temps (5 à 12 ans).

Contrôles policiers

En partant il y a un an, nous n’avions pas l’intention de visiter l’Amérique Centrale en camping-car par peur des contrôles/rackets policiers, corruption, insécurité. Et puis nous avons été tentés par le Mexique, puis le Guatemala, et finalement nous avons tout traversé, sans aucun contrôle intempestif. Au contraire, les militaires nous font signe de passer alors qu’ils auraient tendance à arrêter tous les locaux. Seul pays où on a eu à faire à des policiers presque véreux : le Nicaragua. Un policier nous arrête parce que Simon ne porte pas sa ceinture : contrôle des papiers du véhicule, assurance, autorisation d’importation, permis de conduire, passeports. Le type nous annonce une amende. On hallucine ! Pendant les longues minutes de négociation avec le policier, Marguerite remarque que des dizaines de conducteurs passent sans ceinture et ne sont point arrêtés. La ceinture ne serait donc obligatoire que pour les touristes ? Au bout de 5 minutes, il nous dit qu’il faut aller payer l’amende au centre-ville de la capitale. On lui dit que ce n’est pas envisageable, et on lui propose du cash. Il ne dit pas non. Combien ? Il ne sait pas trop quoi dire… il va voir son chef, discute, nous fait poireauter et finalement, il rend les passeports et nous dit de poursuivre notre route. Et le lendemain, toujours en périphérie de Managua, on nous refait le même cinéma parce qu’on s’était arrêté quelques secondes sur un rond-point pour vérifier notre itinéraire… sur ce même rond-point passent allègrement et à leur rythme des charrettes tirées par les bœufs ou des chevaux. Dingue.

Poubelles

Plus on va au sud, plus ça s’arrange ! Mexique et Guatemala : des déchets partout, en bord de route même dans les montagnes éloignées, sur les plages, pas un endroit épargné. Au Nicaragua, il y en a un peu moins. Mais en contrepartie, on a les odeurs suffocantes des feux que chacun fait devant sa porte pour éliminer ses déchets du jour. A mille lieues du tri sélectif des pays riches. Au Costa Rica et au Panama, on redécouvre enfin des bords de route presque propres.

Le dollar

Officiellement, il n’y a que le Panama qui a adopté le dollar américain comme monnaie officielle. Au El Salvador, il a clairement supplanté le colon aussi. Les autres pays utilisent encore leur devise mais l’influence américaine est indubitable et on peut presque partout payer en dollar. Signe que ces pays vivent sous perfusion directe et indirecte des USA ! Le prof de Tanguy à l’école de Zipolite (Mexique) m’a même demandé « est-ce vrai qu’en Baja California on ne paie qu’en dollar et que les gens ne parlent plus l’espagnol ? »… c’est hallucinant de se voir poser ce genre de questions de la part de Mexicains sur l’une de leur propre région ! Au Costa Rica, l’influence américaine est très forte aussi, peut-être même plus qu’au Mexique. Le Président fait passer des lois copiées/collées des USA. Par exemple, une loi qui a profondément modifié les obligations sanitaires pour la production de fromages. Pas besoin de vous faire un dessin sur ce que signifie « loi à l’Américaine sur la fabrication du fromage ».

Les smartphones

Quel que soit le pays, le smartphone est là, même dans les endroits les plus reculés. Surtout les moins de 40 ans bien sûr. C’est assez décalé que de voir un paysan nicaraguayen tirer ses bœufs tout en écrivant un texto, ou une Maya qui vend ses tortillas le smartphone caché dans son soutien-gorge ou sa ceinture.

Camping-car, véhicule rare

Alors que les Mexicains ont l’habitude de voir des camping-caristes américains et canadiens sur leurs routes, il n’en est pas de même pour les pays d’Amérique Centrale. Alors à chaque fois, ce sont des yeux écarquillés, des mains qui s’agitent pour nous saluer, des curieux qui demandent à visiter la « casa rodante ». Un soir, nous nous garons devant une habitation dans un petit bourg au Nicaragua un peu à l’écart de la Panaméricaine. Après avoir discuté ½h avec la voisine, elle nous demande si elle peut visiter notre camping-car avec sa fille. Elle revient 5 minutes après avec la grand-mère aussi, puis c’est un véritable défilé de tout l’ quartier, smartphone à la main pour être sûr de ne rien rater de nos 9 m2. Visites terminées à la nuit tombée. Et encore quelques photos de groupe devant l’attraction du jour. Comme pour nous remercier, le lendemain matin la voisine nous fait faire une grande visite de tout l’ village en contre-bas, avec ses enfants qui pour l’occasion ne sont pas allé à l’école afin de jouer avec les 3 p’tits Français. On leur apprend le jeu de la bataille navale et ils ne s’arrêtent plus de jouer aux legos. On n’a pas vu un seul jouet dans leur habitation, alors que 3 enfants y vivent.