Bresil

JUILLET-AOUT 2016

Traversée de la forêt amazonienne bresil

Après avoir quitté le Pérou par la route Transoceanica, nous nous retrouvons au Brésil, dans l’Amazonie. Arrivés à Porto Velho au milieu de cette immense forêt, nous ne pouvons plus continuer par la route : la suite, c’est de la piste réputée impraticable, même pour les 4×4. Nous décidons de faire ce tronçon par voie fluviale. Et finalement, les rivières et fleuves sont les véritables voies de communication en Amazonie ! Il semblerait que les camping-caristes arrivent rarement par ici, mais il y a des barges qui partent pratiquement tous les jours chargés de containers, camions, voitures personnelles, engins de chantier, qui doivent rejoindre d’autres villes en Amazonie.  traversee amazonie 1

C’est une expérience nouvelle. Cinq jours, 1200 km, sur une barge qui avance à 10km/h sur le rio Madeiras : des dauphins roses tous les jours, des chercheurs d’or (photo ci-dessous), la flore Amazonienne. Chaleur et moustiques aussi. Mais on n’a pas encore battu le record de piqûre des Everglades en Floride l’année dernière ! On a souvent les jumelles sur le nez et on se repose vraiment. Le rythme est bien différent de d’habitude.

On arrive à Manaus, ville de 2 millions d’habitants au cœur de l’Amazonie.descente amazonie 35°C, humide et zéro vent. Puis on cherche à nouveau une barge, destination  la côte Atlantique, 1500 km, jusqu’à Belem. Cette fois-ci, c’est un gros plateau qui va à 15km/h sur le fleuve Amazone. Parfois, des habitants des berges s’accrochent au bateau pour vendre qui des crevettes, qui des chaises, etc… Les enfants jouent même au foot dessus tellement c’est grand. L’équipage est très sympa. Et comme souvent dans les endroits non-touristiques, on nous prend en photo. Surtout les enfants mais parfois ils exigent la famille entière devant le camping-car. Des tours pour touristes sur l’Amazone entre Belem et Manaus sont organisés tous les jours. Ce sont des bateaux plein de hamacs, musique à fond, qui nous doublent. Nous, nous vivons au rythme des transporteurs routiers, qui finalement sont en vacances sur la barge… alcool, repas copieux et siestes sont à leur programme. Notre programme à nous: jeux de société, lecture, guitare, un peu d’école, corde à sauter et foot !

09072016-P1060668J’avais lu dans un carnet de voyageurs une phrase qui m’avait bien plu : « Voyager en camping-car, c’est vivre dans 9m2 certes, mais c’est avoir le monde pour jardin». Ok, c’est une belle image, mais pas tout à fait juste. Après les jardins de béton lors de nos bivouacs Walmart aux USA et quelques nuits dans des rues, nous voici sur une barge en Amazonie où trônent dans le jardin un engin de chantier … Mais finalement, c’est aussi ça le monde ! On s’y accommode bien et les hamacs trouvent leur place, à l’ombre sous les semi-remorques.

Ce qui nous impressionne, c’est la taille du fleuve Amazone mais aussi de tous ses affluents qui apparaissent petits sur les cartes mais qui font 3 km de large à certains endroits. L’Amazone fait jusqu’à 10km de large et son débit équivaut à celui des 6 autres cours d’eau au plus fort débit du monde réunis ! Nous sommes aussi impressionnés de la puissance du courant de l’Amazone quand on le remonte vers Manaus. Toute cette vie aussi sur les berges ; ces groupes de maisons au milieu de nulle part, des écoles sur pilotis, etc… Et nous ne voyons quasiment aucun déchet durant ces 2800 km parcourus, contrairement à ce qu’on peut voir sur d’autres rivières et mers.

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Le nord du Brésil – 3 semaines de kitesurf

Après 15 jours passés en Amazonie, nous découvrons un autre Brésil, celui de la côte Atlantique nord. Tant les paysages que le niveau de vie des habitants de cette région nous rappellent le Nicaragua ; très peu de terres sont cultivées, trop arides probablement; quant à l’état des routes, ça nous renvoie à nos plus mauvaises expériences au Guatemala. La ressemblance nous frappe ; Nicaragua et Guatemala, les pays parmi les plus pauvres que nous ayons traversé depuis le début de notre voyage. 21072016-dsc02104 22082016-dsc02591A ce moment-là, nous ne comprenons pas vraiment pourquoi le CIO a choisi le Brésil pour organiser les JO. Qu’il y ait, sur le fleuve Amazone, des familles qui vivent de manière archaïque, vendent leur pêche aux cargos qui passent pour survivre, soit. Mais voir ici, en pleine campagne, des quartiers entiers faits de palettes avec des sacs poubelles en guise de murs, ça nous surprend. Et ce n’est pas la crise économique de ces dernières années qui a créé ces taudis. Tous ces villages que nous traversons pendant des centaines de kilomètres n’ont jamais dépassé ce stade de développement. Le réseau de bus est très développé car avoir sa voiture personnelle n’est pas la norme. On double des charrettes tirées par des chevaux, des cyclistes qui transportent de tout et nombreuses mobylettes. 22072016-dsc02112 20082016-dsc02420Pas de tuktuk par contre ! Seule la route principale est asphaltée ; du moment où nous nous engageons dans les petites villes ou les villages, c’est de la terre ou du sable. Toutefois, il y a un petit oasis de prospérité dans cette partie nord du Brésil : toute la côte, aux vagues impeccables et ventée par les Alizées, prisée par les touristes Européens. 400km de plages paradisiaques et villages qui vivent du surf/windsurf/kitesurf et centaines de restos ; les hôtels et les écoles de sports nautiques sont surtout tenus par des Européens. Les locaux tiennent les traditionnelles petites épiceries de proximité et vivotent de ce que le tourisme apporte comme activité. Nous avions quitté les Andes sur un coup de tête pour avoir chaud. Donc après avoir crapahuté dans les dunes de Jericoacoara, Tatajuba, Préa et Icarai, nous décidons de nous poser quelques jours à Taiba. Nous nous y plaisons tellement que finalement, c’est 3 semaines que nous passons dans cette petite ville tranquille au nord de Fortaleza ; le temps pour Tanguy et Marguerite de faire deux stages de kitesurf et de pouvoir ensuite aller profiter de ces Alizées avec Simon25072016-dsc02152. 18082016-p1080157 On est ému de voir nos deux grands naviguer ainsi (9 et 11 ans, pas si grands qu’ça nos loulous, hein ?). Journée type : à 6h30 Marguerite part acheter du pain en moto avec Francisco le gérant de la posada où nous sommes installés. Pourquoi Marguerite ? Parce que c’est la première levée puisqu’elle a choisi de dormir dehors dans un hamac. Le reste de la famille dort dans le camping-car car nous n’avons pas le courage de mettre collant et manches longues et de sa badigeonner d’anti-moustiques… ici, Zika sévit. Marguerite, elle, préfère se tenir à ce rituel chaque soir car elle a moins chaud dans le hamac que dans son lit ;-). A7h30 nos kitesurfeurs partent à la Laguna de Taiba pour profiter de ce spot flat avant que le vent ne soit trop fort et qu’il y ait trop de riders. Ils s’y rendent en buggy, parfois à pied (1h de marche sur la plage, histoire de croiser un dauphin 16082016-p1080131mort et une tortue qui se font lentement dévorer par les rapaces) et à la fin du séjour en 4×4 ; c’est Junior, un brésilien client de la posada où nous sommes et à qui Marguerite tape la causette (en portugais s’il vous plaît) qui nous prête son véhicule quelques jours. Justin et moi les accompagnons quelquefois à la laguna. Puis l’après-midi, c’est piscine et farniente. Tanguy n’a qu’à traverser la route pour aller surfer avec son copain Eduardo, Mathis. Justin préfère le bodysurf et la gym acrobatique avec Gabin. Justin semble être encore traumatisé d’une mauvaise vague à San Agustinillo au Mexique en février lors d’une session de surf. Chaque semaine, nous sympathisons avec des Français en vacances, tous ici pour le surf ou le kitesurf. Du coup Simon fait des « downwind » avec eux (notamment Franck et ses fils).

Salvador de Bahia et Rio de Janeiro

Le 20 juillet, nous décidons de mettre fin à cette vie de sédentaire à Taiba. Pourtant le climat était parfait. Le meilleur climat depuis le début de notre voyage : bien chaud la journée, toujours ensoleillé, température qui descend en soirée et nuit (25°C) ; les locaux adorables ; l’école de Kite est tenue par une famille française qui a baroudé en camping-car du Canada à Ushuaia il y a une vingtaine d’années. Des voyageurs sans GPS, sans internet, et sans guide touristique !
13082016-p1070825Donc nous voilà de nouveau sur les routes du Brésil, ces routes en si mauvais état, quasiment aucune double voie sur plus de 2000km ! Nous traversons toujours et encore des villages qui vivent vraiment de rien, jusqu’à ce que nous arrivions dans l’état de Rio où on découvre un nouveau Brésil.

Nous visitons deux villes : Salvador de Bahia et Rio de Janeiro. Pour éviter de traverser Salvador de Bahia en camping-car, on se gare sur la presque-île au sud de de la ville et on traverse la baie en ferry emprunté majoritairement par les locaux. L’ambiance afro-brésilienne est déjà bien présente sur le ferry que nous empruntons : un groupe de danseurs s’exerce une dernière fois sur la plateforme du ferry avec leur orchestre de percussions. Nous quittons Bahia avec chacun un bracelet candomblé autour du poignet et un acarajé dans le ventre (beignet bahianais de pâte de haricot noir frit, farci à la crevette séchée et au vatapa, servi par une bahiannaise 100% authentique avec ses gamelles et boites plastiques). A Rio, il s’agit d’une visite touristique classique jusqu’à ce qu’on rencontre Paulo, un Carioca qui faisait visiter la ville à un ami de Recife ce jour-là. Il est 9h quand nous quittons le point de vue du « Christ Redempteur ». Simon et moi entamons la descente à pied pour rejoindre le centre-ville mais les enfants tendent le pouce… et la première voiture s’arrête. Paulo nous dit de monter tous les cinq à l’arrière. Nous faisons  toute la journée avec lui et son ami. Tout d’abord l’ascension du Morro da Urca (au pied du Pain de Sucre). Là-haut, Paulo tient absolument à offrir aux enfants un açai (sorte de smoothies fait avec une baie d’Amazonie, agrémenté de granola ou de lait en poudre). L’açai de Rio est bien meilleur que celui du Céara – avis partagé par tous les gourmands de la famille, car à Rio il est mélangé avec de la guarana. La guarana, c’est un autre fruit d’Amazonie, souvent consommé sous forme de boisson. Au Pérou, c’est l’Inka-Cola qui concurrence le Coca-Cola ; au Brésil c’est la Guarana qui tient la tête de l’affiche ! Puis Paulo nous emmène déjeuner dans son quartier situé au nord de la ville ; attablés avec des Cariocas (pas un touriste dans ce resto) ; séance photo devant le stade Maracana. Nous terminons la journée sur des transats à la plage d’Ipanema où travaille un ami de Paulo. A la nuit tombante, nous prenons un ferry pour rejoindre l’autre bout de la baie de Guanabara, où est garé notre camping-car. Ambiance de village à 9 km de Rio, au bord d’une lagune : de la viande grillée, de la bière, des petits cerfs-volants carrés au bout de centaines de mètres de fil, et de la musique à fond. Ah ! Les voitures boite-de-nuit, une vraie institution au Brésil ! Et pour le coup, c’est une pratique partagée du nord au sud. Le principe est assez simple : chacun arrive avec sa voiture sur la place du village, ouvre son 21082016-dsc02492coffre plein à craquer de matériel hifi et met la zik à fond. C’est donc une cacophonie assurée à tous les coups. Et c’est celui dont on entend le mieux la musique qui  gagne.  Certaines mairies interdisent ces concerts improvisés mais nous découvrons parfois trop tard que nous bivouaquons sur une place de RDV. La première fois qu’on découvre ce rituel, Simon se demande pourquoi un gars vient s’installer à côté de notre camping-car pour écouter sa musique à fond. Mais en fait, le gars est à 100m de nous ! Notre véhicule tremble et Simon n’arrive pas à entendre son film même avec le son à fond dans les oreillettes. Dingue.

Nous terminons nos 2 mois au Brésil par quelques deux mille kilomètres pour rejoindre l’Argentine par les chutes d’Iguazu. Nous traversons l’immense Sao Paulo, de nuit, avec ses portions à 2×12 voies ! Avant de passer la frontière, Simon visite le barrage d’Itaipu, qui se dispute la place de « plus grand barrage au monde » avec celui des Trois Gorges en Chine. Il fournit près de 20% de l’électricité consommée au Brésil.

Encore quelques lignes à propos de nos 2 mois passés au Brésil, en vrac :

  • C’est troublant de voir la différence entre l’Amazonie côté Pérou, quasi-intacte, et l’Amazonie côté Brésil déforestée à outrance où les plantations et les prairies pour vaches ont pris la place de la forêt.
  • Quand les journées « route » s’enchaînent (entre 600 et 800km par jour), nous dormons le soir dans des stations-services. Ce sont des endroits sûrs, quelle que soit la région, elles sont très bien équipées (resto, douches, WC, wifi), et les sanitaires sont généralement entièrement en granit s’il vous plaît ! Des fosses sont mises à disposition pour l’entretien des véhicules ; du coup, Simon fait la vidange un matin, très facilement, pendant que les enfants travaillent un peu le français et les maths… car la rentrée approche !
  • On a dû se mettre un peu au Portugais ! Plus simple à la lecture qu’à la compréhension orale 😉 On parle espagnol et ils répondent en portugais, avec des gestes et quelques mots gribouillés sur un coin de feuille, on finit par se comprendre 😉20082016-dsc02416
  • En traversant les régions du sud du Brésil, nous avons l’occasion de découvrir ce qu’est la culture OGM à grande échelle. 100% OGM sur des centaines de kilomètres ! Pour le coup, ça fait une belle liaison avec ce qui nous attend en Argentine 😉
  • Ce qui ne change pas des autres pays d’Amérique latine que nous avons déjà traversés : des églises chrétiennes en tout genre dans toutes les bourgades ; c’est peut-être même un cran au-dessus au Brésil, avec des messages sur les bords de route.
  • Que font les enfants pour s’occuper pendant ces longues heures de route ? Ils jouent aux cartes, au Monopoly (avec de la patafix sous les maisons et hôtels), un peu d’Ipad, ils regardent parfois un film sur l’ordi, et quelques séances de calcul mental et de solfège. Justin adore se faire des cabanes avec les draps et couettes sur les lits, Tanguy s’isole parfois pour lire ; et à tour à tour ils prennent le rôle de co-pilote et DJ (Marguerite, c’est DJette ;-)).
  • Les Brésiliens sont vraiment souriants, et curieux de notre voyage. Et très accueillants aussi – par exemple dans le village en face de Rio où nous campons 3 nuits, Tanguy regarde un entrainement de foot sur le terrain de sable attenant. L’entraîneur lui tend un maillot du club et le voilà sur le terrain avec les autres.

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