AUSTRALIE

Nous commençons par 3 jours à Melbourne. Ce premier contact avec l’Australie nous rappellent immédiatement les USA : gros 4×4 pickup, lotissements à perte de vue (« suburbs » dit-on ici), pelouses impeccablement tondues. Mais les Australiens n’aiment pas cette comparaison avec les Américains !

On s’ caille dans la maison où nous logeons – est-ce le choc thermique Philippines/Australie ? Il faut dire que les Australiens ne connaissent ni le double vitrage, ni le chauffage central, encore moins le chauffage au sol. A peine un chauffage électrique dans la salle de bain ! Ce qui est drôle c’est que dans les magasins on trouve des bouillotes, des couvertures électriques, etc. On est très loin des normes françaises quant à l’isolation thermique !

Un bus de nuit nous amène à Sydney où est arrivé notre camping-car. Réception du véhicule sans problème, avec une inspection « Quarantine » qui ne voit rien à r’dire sur le nettoyage – nettoyage qui nous avait occupé une semaine tout de même en Malaisie 😉

La ville de Sydney est vraiment très agréable. On se promène sur des kilomètres en bord de mer, les enfants en roller. Et cet Opéra, mythique, inauguré en 1974 ! On ne l’ pensait pas si ancien ! En revanche, niveau circulation, c’est nettement moins agréable ; avec ses suburbs à n’en plus finir, Sydney est bien longue à traverser.

Dans ces deux villes (Melbourne et Sydney), nous logeons chez l’habitant via AirBnB. Ces deux expériences nous donnent à voir une des facettes de l’Australie : terre d’immigration. Les deux fois il s’agit de familles chinoises. Viky a acheté cette maison à Melbourne en février dernier et y vit avec ses 3 jeunes enfants. Son mari est resté en Chine pour le travail. Sa mère et sa belle-mère vont venir l’aider par alternance. Avant, elle travaillait en Chine, comme son mari (elle est ingénieur mécanique). Naissance du premier enfant. Naissance du deuxième enfant. Et oups, un troisième s’annonce. Ce troisième enfant est interdit (amende de 50000 dollars). Alors elle décide de venir accoucher et élever ses trois enfants en Australie, d’autant plus que les écoles et le système de santé sont bien meilleurs qu’en Chine nous dit-elle.

Quant à Philip, à Sydney, c’est une autre histoire : compte tenu de la pollution en Chine et des scandales sanitaires (il nous remémore l’affaire du lait en poudre toxique), il choisit avec sa femme d’immigrer à Sydney au moment où ils envisagent d’avoir un enfant.

Une fois quittées ces deux grandes villes et leurs campagnes, nous ne rencontrons plus beaucoup d’immigrés chinois. La population des campagnes et petites villes de la côte est essentiellement composées de migrants européens au lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Nous passons le week-end de Pâques au camping de Kangaroo Valley. Immense camping avec des centaines de Sydneysiders qui viennent en famille : tentes, caravanes et chacun son barbecue qui fonctionne de 8h à 18h non-stop. Quoiqu’ils en disent, le régime alimentaire des Australiens est bien similaire à celui des Américains. Les gens sont très accueillants et proposent rapidement à nos enfants de s’intégrer qui à une équipe de cricket, qui à une partie de tennis, et tours à vélo dans le camping. Il n’y a pas de réseau téléphonique dans ce coin de « bush » (bush = campagne éloignée des villes). Donc personne n’est sur son smartphone ou sa tablette et ça se ressent vraiment sur les relations ! Les gens sont tous présents, attentifs et participent aux discussions et aux jeux. Combien de fois on a vu ces derniers mois des groupes d’ados réunis sur une place de village ou dans un resto, chacun sur son smartphone, sans s’adresser un mot !

En Australie, on redécouvre le gâchis de la surconsommation des pays riches : après le week-end, les campeurs jettent plein de matos encore en très bon état, chaises, barbecues, jeux pour enfants, etc. Devant les maisons, les gens font des tas de débarras, mobiliers, électroménagers, vélos et jouets. Nos enfants s’étonnent : « ça aurait tant servi à des populations à quelques îles plus loin ». Et ces tas en bord de route, ça fait vraiment ch’ni comparé aux pelouses impeccables. Etonnant.

 

Nous avons visité quelques musées à Melbourne et à Canberra.

C’est la laine du plus gros mouton jamais tondu – histoire d’une bête perdue qu’un Australien a retrouvé par hasard plusieurs années plus tard, chargée de plus de 40 kg de laine !

A Melbourne on a passé un après-midi avec Justin, un enfant que ma maman gardait il y a 20 ans (p’tit bonhomme qui nous a inspiré le prénom de notre Justin 12 ans plus tard).

Canberra la capitale aseptisée ; on a vraiment l’impression d’entrer dans une ville fantôme qui pourtant annonce 400 000 habitants. Les bâtiments sont récents mais ils n’ont pas les belles lignes de ceux de Tokyo ou Singapour. Pourtant, le gouvernement australien y met les moyens (le parlement  a coûté un milliard de dollars – avec des marbres provenant du monde entier !).

On passe beaucoup beaucoup de journées en bord d’océan, sur des spots de pêche : tout d’abord Kiama où on est invités par la famille Davidson rencontrée sur le port ;

puis à Jervis Bay, on fait connaissance d’Isabelle et John avec qui nous montons le Pigeon House Mountain.

Simon et les enfants pêchent surtout en mer, en canoé. Au fur et à mesure des jours, on se rééquipe pour s’adapter aux poissons du coin : grosse canne, gros fil, gros hameçons, bas de ligne doublés pour mieux résister, etc. Marguerite de me dire : « la pêche en mer, c’est une passion maman ». Le nombre de poissons différents qu’ils ramènent chaque jour est impressionnant : orphie (garfish), brème (bream), sériole (yellowtail et yellowtail kingfish), eastern red scorpion, flathead, vivaneau (snapper), anguille. On se régale et le congél’ est plein.

L’accompagnement préféré : frites ou chips, comme les vrais Australiens !

A Seal Rocks, leur spot préféré, les conditions sont incroyables. Chaque jour les enfants et Simon me reportent que « des dauphins viennent tout près du canoé, on voit aussi des tortues, des bancs de raies passent sous le kayak par centaines, toutes les unes à côté des autres formant un damier parfait ». L’eau est tellement claire ! Mais ils se font aussi une belle frayeur avec un petit requin blanc long de 2,50 m qui sort sa tête de l’eau à environ 10 mètres du canoé. En une minute, Simon relève l’ancre (ancre maison puisqu’il s’agit  d’un caillou au bout d’une corde) et les quatre pagaient de toute leur force jusqu’à la plage. Marguerite hésite à retourner pêcher depuis le canoé et préfère désormais le rock fishing.  On s’est renseigné auprès des locaux : c’est normal qu’il y ait des petits requins blancs ici, mais il faut rester prudent. Ceci dit, tous les jours il y a des pêcheurs au harpon exactement à cet endroit. Seal Rock est connu pour sa colonie de requins taureau (greynurse sharks), espèce protégée. Simon et les enfants en voient passer sous le bateau régulièrement et soupçonnent certains de ces requins de croquer leurs lignes. Au fur et à mesure des jours passés ici, on sympathise avec les pêcheurs locaux qui n’en reviennent pas qu’on pêche depuis un canoé gonflable. Nous, on en revient pas qu’on puisse pêcher le thon depuis le bord !

Les pêcheurs qui étaient sur ce rocher avec nous ce jour-là ont eu un thon (sur la droite de la photo). Ils ont levé les filets à la va-vite ici-même et on dit aux enfants d’utiliser le reste pour appât. Quel gâchis que ce beau poisson n’ait pas été correctement découpé ! Ce sont finalement les mouettes qui l’ont terminé…

On fait également quelques belles balades sur la côte. Côte qu’on trouve bien sauvage alors que nous sommes dans la partie la plus peuplée d’Australie. Qu’est-ce que ça va être à l’ouest ?!!?? D’ailleurs , première balade = premier serpent ! On fait vite demi-tour.

L’Australie, c’est le pays où nous voyons les plus belles côtes ; alternance de falaises et d’étendues de sable blanc, sans aucune algue et aucun déchet.

Quand on voit un déchet, on le ramasse, contrairement à nos dernières expériences malaisiennes ou philippines où on se disait que de toute façon c’était peine perdue tellement la mer ramène des saletés à chaque marée. Une fois, ce n’est pas un déchet mais un billet de 10 dollars que Marguerite ramasse sur la plage. Elle les joue la semaine suivante lors d’une meat raffle (tombola où l’on gagne de la viande) dans un bowling center. C’est une sorte de maison de quartier où se réunissent les personnes âgées en semaine – elles y pratiquent ce sport appelé bowling, sorte de pétanque avec des boules ellipsoïdales et jouent aux machines à sous ; le week-end des familles se réunissent ici autour d’un verre et les associations sportives organisent des évènements. C’est une ambiance toute anglaise dans ce Country-Bowling club. Le dernier samedi que nous étions à Tea Gardens*, il y avait même une pig race : au lieu de miser sur des chevaux/jockeys, on mise ici sur des cochons nains qui doivent retrouver le pot de lait. Ambiance assurée !

Les enfants se perfectionnent en roller : il y a des skatepark dans de nombreux villages, tous en parfait état.

* Tea Gardens. Les enfants sont allés 3 semaines à l’école publique de Tea Gardens. Après leur expérience américaine en 2015 et mexicaine en 2016, ils ont donc testé l’école du bout du monde.

Parmi les différences avec notre école française, je mentionnerais : port de l’uniforme obligatoire, lever du drapeau tous les matins, assemblée des 150 élèves le vendredi matin où les parents sont les bienvenus avec annonce des « meilleurs élèves de la semaine ». L’écriture cursive de nos enfants étonne puisqu’ici ce sont les lettres d’imprimerie qui sont enseignées. Nous, nous sommes étonnés par leur rythme alimentaire : après un petit déjeuner offert entre 8h30 et 9h, les enfants sont obligés de manger un fruit à 10h ; à 11h30 c’est le lunch préparé par chaque parent (donc sandwich et chips bien souvent) ou il y a aussi l’option « cantine », qui est juste un guichet où les enfants achètent saucisse, gâteau, glace. Puis à 13h30, c’est le goûter. L’école termine à 15h. Bien qu’ils aient mangé sans cesse de 8h30 à 15h, le traditionnel goûter à la française de 16h m’est réclamé ! Drôle de nutritionnistes ! Quand j’ai présenté un aperçu d’un menu mensuel de cantine française, tout le monde était surpris et jaloux de ce restaurant de luxe auquel ont droit tous les petits français.

 

Autres infos en vrac :

  • Grosse déception côté M&M’s car les Australiens ne connaissent pas (pas encore) les M&M’s peanut butter que je pensais (rêvais) pourtant retrouver enfin ici ! Et le coca-cola n’est pas bon. Vraiment pas d’chance !
  • Voyager en camping-car en Australie, c’est vraiment le luxe : aires de picnic avec barbecues électriques à disposition presque partout, toilettes propres voire douche chaude sur les plages (les toilettes publiques les plus dingues qu’on ait vues, c’est à Canberra : musique jazz qui se met en route quand tu fermes la porte).

  • Alors que je discute avec une maman sur un banc de skatepark, elle s’étonne que nos enfants qui aiment le surf ne soient pas sur l’eau ce jour-là. Je lui réponds que nous craignons les requins. Et elle est surprise quand je lui explique que sur les plages du Mexique jusqu’au sud de l’Argentine, il n’y a aucun risque d’attaque de requin. Zéro risque. Elle n’en croit pas ses oreilles. Pour elle, océan = requin. Et donc on doit faire avec !
  • Les jeunes Australiens passent leur permis à 17 ans. Et pas besoin d’heures de conduite obligatoire ! Tu peux apprendre avec tes parents sur les routes de campagne et te présenter à l’examen. Dans les faits, les parents paient entre 5 et 10 heures de conduite pour assurer les premières leçons. Mais rien à voir avec le système que nous connaissons en France ;-).

 

Fabienne et Jean-Luc

Sur un parking d’autoroute, Fabienne et Jean-Luc nous interpellent car « des plaques françaises sur sol australien, c’est rare ! » On leur raconte brièvement notre aventure. Ils nous racontent la leur lors d’une soirée chez eux, à Noosa. Leur histoire est une page de l’Australie. Celle qui a fait venir par millions des Européens, blancs exclusivement, jusque dans les années 80s. Ils avaient 19 et 23 ans, habitaient à Nice. Cette proposition qui leur est faite en 1973 de rejoindre l’Australie par bateau-croisière tous frais payés leur plaît bien. Nous avions lu et vu des reportages dans les musées de Melbourne et Canberra à ce sujet. Mais là, on passe une soirée qui nous plonge dans l’émotion de cette immigration. Fabienne nous raconte chaque photo de l’album qu’elle ressort pour nous. Escale à Naples, baptême du passage de l’équateur, escale à CapeTown en plein Apartheid, ambiance festive sur le bateau, crises de nerf et panique de voir une des filles menacer de se jeter par-dessus bord, arrivée à Melbourne. C’était il y a plus de quarante ans mais les mots et l’émotion de Fabienne et Jean-Luc nous transportent dans cette aventure. Tout est prévu par le gouvernement australien : hôtel, repas et cours d’anglais pendant un an. Mais nos deux jeunes préfèrent ne pas « suivre le système » et partent à Brisbane en train. « Nous étions trop jeune » dit aujourd’hui Fabienne. Bref, aujourd’hui, ils sont bi-nationaux, enfants et petits-enfants dans le Queensland comme eux et habitent dans une maison paradisiaque. Ils nous offrent un des plus beaux p’tits-déjeuners, entourés de loriquets arc-en-ciel, Kookaburra, cacaotès et autres espèces d’oiseaux colorés et mélodieux. Fabienne et Jean-Luc nous ont plongés dans ce que fût la vie d’une très grande partie des gens qui constituent l’Australie d’aujourd’hui.

On ne s’en rendait pas compte avant notre voyage, mais cette grande nation est extrêmement jeune : colonisée pour la première fois par les anglais à la toute fin du XVIII ! Nous faisions la révolution en France qu’il n’y avait encore aucun européen en Australie ! Grosses vagues d’immigrations au XIX venues des territoires anglais. Indépendants en 1901, les Australiens sont 7 millions au sortir de la deuxième guerre mondiale. Ils réalisent alors un immense plan de peuplement de l’île par immigration choisie : anglophone blanche de préférence, puis ils se contentent du critère « blanc », et abandonnent ce critère racial, mais récemment seulement ! Aujourd’hui ils sont 25 millions d’habitants (3 hab./km2 !!!).

Et pour finir, quelques photos des animaux du pays.

Rainbow loriquet, qu’on voit partout en permanence.

perruches, partout aussi

Kookaburra, au chant incroyable

sur une plage… Marguerite a failli marcher dessus !

Kangourous qu’on rencontre dès l’une de nos premières balades pour rejoindre une plage.

Pélicans à lunettes, qu’on regarde des heures !