Thaïlande
C’est sans notre camping-car que nous visitons la Thaïlande pendant quatre semaines en février 2017. Pourquoi sans camping-car ? Et bien, disons, grosse erreur de jugement de notre part. Une nouvelle loi est passée il y a quelques mois qui interdit l’entrée des véhicules étrangers (sauf malaisiens et singapouriens). On n’a eu écho que d’expériences où les douaniers ne laissent pas passer ces 2 derniers mois. Alors on n’a même pas essayé. Pourtant ! Quelques jours après être rentrés de notre mois thaïlandais, on apprend que des voyageurs passent encore à certaines frontières, plus confidentielles… et gardaient l’info pour leurs « potes », sans trop penser à tous ceux qui ne regardaient que les infos sur les FB et autres sources tout public. On est évidemment plein de regrets. Alors pour se consoler, on s’dit qu’on n’aurait pas fait le même voyage, pas les même sites et pas les mêms rencontres, et que la Thaïlande en camping-car, ce sera pour une prochaine fois – par exemple lorsqu’on s’fera la Route de la Soie dans quelques années 😉
Au fur et à mesure des rencontres et des discussions au pays de Bouddha, nous comprenons les raisons qui ont poussé le gouvernement thaïlandais à interdire l’entrée de tout « gros » véhicule étranger : les touristes chinois devenaient chaque année plus envahissants ; non seulement ils arrivaient les coffres chargés de toutes les victuailles donc ne consommaient rien sur place, mais le pire est qu’ils quittaient leurs bivouacs à l’état de poubelles.Non seulement des camping-cars chinois mais aussi et surtout des bus chinois semaient la pagaille. Les gens dormaient dans les bus, entassés ; ils faisaient leur toilette sur les parkings et WC publiques, ils sortaient toutes leurs cuisines des coffres à chaque repas, etc… La discrétion chinoise quoi ;-). Sans stigmatiser tel ou tel nation, on a déjà eu de très mauvaises expériences de manque de savoir-vivre avec des bus de Chinois dans les Parcs Américains. Donc on imagine très bien ce qui a pu se passer ici en Thaïlande.
Le 24 janvier 2560 (eh oui, le calendrier Thaïlandais est quelques années en avance sur le nôtre), nous arrivons dans le nord de la Thaïlande, à Chang Mai, en avion depuis Kuala Lumpur où nous avons laissé notre camping-car. On loue une voiture.
Sympa pour Simon de conduire avec un volant à droite ! En Malaisie, il s’était déjà habitué à conduire sur la voie de à gauche. Là, c’est une difficulté un cran au-dessus. A la fin de notre séjour, il met encore les essuie-glaces pour le clignotant ;-). Aucun accident durant ces 4000 km. En revanche, nous avons vu 2 accidents mortels : deux corps sur la double-voix, en short et tong, sans casque bien sûr ; quelques jours plus tard, une femme dans le fossé, qui portait un casque. Mais scooter contre voiture, ça ne pardonne pas. La Thaïlande est un des pays où le nombre d’accidents mortels est le plus élevé. On comprend pourquoi : axes routiers très développés, des voitures de plus en plus nombreuses mais une culture de la conduite des deux-roues toute asiatique…
Voici quelques photos de la circulation en Thaïlande.
C’est un transport scolaire. Ne cherchez pas les ceintures ou le surveillant !
Et une station-essence à même l’épicerie, dans un village dans le nord.
Pour se loger, on réserve quelques jours à l’avance en essayant d’anticiper notre parcours. On n’est vraiment pas habitué à ça ! En camping-car, on est tellement libre de ne rien planifier à l’avance ! Avec notre expérience de Tokyo puis Singapour, Simon maîtrise parfaitement les sites booking.com, TripAdvisors et autres AirBnB !
Après une semaine de voyage, on ne réserve plus qu’à 4 jours à l’avance… et pour finir, on réserve à 16h pour le soir même, pour garder cette souplesse d’agenda qui nous manque tant ! On n’est pas inquiets car on s’est rendu compte que l’offre de logement touristique en Thaïlande, quelle que soit la région, est largement supérieure à la demande, alors il n’y a aucun risque de devoir dormir dehors ! Une surcapacité aussi au niveau des activités : on a fait un parc aquatique tout neuf à l’est de Bangkok où nous étions quasiment seuls toute la journée.
Ce qui nous a plus dans le nord de la Thaïlande où nous avons passé 2 semaines, c’est de pouvoir découvrir la Thaïlande rurale ; il suffit de sortir des routes touristiques, ce qui reste assez facile. Mais la barrière de la langue ne nous permet pas d’avoir de beaux échanges comme nous en avions eu en Amérique latine.
Et du coup je suis un peu frustrée de ne pas avoir pu parler avec toutes ces personnes qui, on le voyait bien, voulaient aussi parler avec nous. Alors des sourires, rires et des dizaines de photos. Ah ! Le nombre incalculable de fois où les enfants se sont fait prendre en photo !
Le nord, c’est aussi pour nous la découverte de l’histoire du Triangle d’Or, la culture de l’Opium. Un magnifique musée qui retrace, entre autre, l’histoire de cette drogue. Encore une fois, une page de l’Histoire peu voire pas enseignée en France. Et pour cause !, La France, aux côtés de l’Angleterre, a fait la guerre à la Chine au XIXème siècle et lui a imposé des mesures d’ouverture de ses ports dans le principal but de continuer à lui vendre de l’opium, alors que le gouvernement de Pékin tentaient depuis plusieurs dizaines d’années de venir à bout de ce fléau en interdisant le commerce et la consommation de ce produit. Il y a trente ans, cette région du « Triangle d’or », aux confins du Laos, de la Thaïlande et du Myanmar produisaient plus de 70 % de tout l’opium vendu sur la planète, l’essentiel étant raffiné sous forme d’héroïne. Aujourd’hui, cette zone ne représente plus que 5 % environ de la production mondiale. Du coup, ils se sont recyclés dans la production de fraises entre autres !
Ici c’est la triple frontière Thaïlande, Myanmar, Laos – et le fleuve Mekong.
Le nord, c’est aussi des rizières à perte de vue. Un jour, nous voyons des dizaines d’hommes et femmes en plein repiquage. Tout à la main. A une vitesse incroyable. Et ces femmes, nous les revoyons le soir, de 18h à 21h, en train de cuisiner sur leur petite cantine de rue dans la ville voisine, la crème solaire jaunâtre encore sur le visage.
En revanche, les paysages du nord, bien que très beaux, ne nous ont pas époustouflé : des belles forêts tropicales, des jolis temples et chedis tous les 10 kilomètres.
Mais la pression touristique à certains endroits rend vraiment ces lieux de cultes « surfaits », avec boutiques pendant des centains de mètres avant l’arrivée.
Pour descendre sur Bangkok, on emprunte une route qui longe la frontière birmane (Myanmar, pardon…), avec des villages 100% authentiques. Un niveau de vie vraiment bas par contre. Le salaire minimum officiel en Thaïlande est de 8 euros par jour ; mais certaines régions comme celle-ci sont loin de rémunérer ça.
Les grandes villes, c’n’est pas notr’truc. A Bangkok, nous nous contentons d’une demi-journée au marché de Chatuchak, un des plus grands marchés du monde. 9000 stands : des fringues, des souvenirs, de la cuisine, tout pour nos amis les animaux, des massages, de la vaisselle, etc… On ne craque pas, mais on repart quand même les mains bien chargées ;-).
A Ayutthaya, on fait connaissance avec UnTourASix, une famille nantaise en camping-car qui comme nous a dû abandonner son projet de faire l’Asie du sud-est avec leur maison roulante suite à la fermeture des frontières de la Thaïlande. Marguerite est heureuse d’avoir enfin une équipe de filles. Tanguy et Justin y trouvent leur compte aussi. Quant à nous les parents, c’est toujours très agréable de se retrouver à partager un moment comme ça entre voyageurs. Et évidemment, si nous faisons le même type de voyage, c’est qu’on est sur la même longueur d’ondes ;-). On se retrouvera en France, promis. (Aura-t-on assez de vacances pour assurer toutes ces retrouvailles promises depuis deux ans que nous voyageons ???!!?!!).
Dernière visite culturelle en Thaïlande, le pont de la rivière Kwai (ça y’est, vous avez la musique en tête pour les 3 prochains jours). Un musée poignant qui retrace cet épisode asiatique de la seconde guerre mondiale. Pour compléter le tout, on se regarde le soir un excellent film sur la construction de cette ligne de chemin de fer qui a coûté la vie à 100 000 travailleurs forcés et prisonniers de guerre anglais, australiens et hollandais « Les voies du destin » (The Railway Man) ; les enfants avaient regardé Le Pont de la Rivière Kwai quelques jours auparavant, histoire d’être dans l’ambiance. On réalise qu’ici la deuxième guerre mondiale ne signifie pas « l’extermination des juifs » mais l’invasion du Japon et les conséquences avec les défenses anglaises, hollandaises et consorts sur ces territoires. Le nom « Hitler » est absolument inconnu du commun des asiatiques ; de la même manière que des grands pans de leur guerre en Asie nous était complètement inconnue jusqu’à cette visite de la Thaïlande.
Puis notre ENORME COUP DE CŒUR. A ce stade du voyage, le plus beau lac qu’on ait vu. Et le comble c’est qu’il n’y y a pas beaucoup de touristes ! On quitte la province de Ranong en sachant que nos 3 derniers jours en Thaïlande se passeront dans les sites mega-touristiques des alentours de Phuket. Mais en cours de route, comme si on ne voulait pas affronter la foule, on change nos plans. On bifurque à gauche, direction le Parc National de Khao Sok. Comme on n’a pas de réservation pour ce soir, on est assez libres. Simon a lu qu’il s’agit du 5ème plus beau parc national au monde. Mais personne ne nous en a parlé jusqu’à présent et Lonely Planet le mentionne certes, mais sans y mettre un gros paragraphe.
On arrive au Centre d’Information du parc en début d’après-midi. A croire qu’ils ne veulent pas mettre ce parc en valeur : aucune explication sur comment se rendre sur le lac, on doit batailler pour connaitre les hébergements, personne ne parle anglais (ça, c’est vraiment le point noir de la Thaïlande : le tarif des parcs est cinq fois plus élevé pour les « étrangers » que pour les locaux – des tarifs augmentent de 50% chaque année, mais personne ne parle anglais et les rares dépliants explicatifs sont quasi-exclusivement en thaï) ; il y a une rando de quelques kilomètres à proximité du Centre d’Information mais si on désire aller plus loin dans la jungle, il est obligatoire de prendre un guide. Enfin, on finit par comprendre que le port d’embarquement pour une balade sur le lac est encore à une heure de route. Bon, alors on roule à nouveau ! Arrivés là-bas, on découvre les tarifs des bateaux… Evidemment, tout se négocie.
Bref. 16h, nous embarquons enfin sur un long-tail boat. Et là, on découvre un paysage de toute beauté, époustouflant, fantastique. Des pitons karstiques émergent de partout, certains des falaises brutes, d’autres à la végétation luxuriante. Au matin,le panorama est magique nimbé de brume. Car on a eu l’idée de dernière minute de dormir dans un raft-house (« maison-radeau ») ! Une bachelière vietnamienne qui est ici pour la soirée avec sa classe de l’International School of Bangkok me dit « C’est exactement comme la baie d’Along ». Sauf qu’ici c’est de l’eau douce; et on est les cinq unanimes, on préfère se baigner dans l’eau douce que dans l’eau de mer ; il fait 30°C à 17h30 quand on est installés ; nager dans cette eau à 25°C juste devant notre porte est une expérience extra. C’est un endroit qu’on recommande mille fois, un des plus beaux paysages et sans aucun doute le plus beau lac de tout notre voyage. Bien qu’il soit artificiel, ce lac (de son vrai nom le lac de Chiew Larn) est une merveille incontournable.
Et là, on se pose la question de savoir pourquoi ce site est-il si peu touristique et si mal organisé ? Peut-être trop loin de Phuket et de Bangkok ? Quel dommage ! En faisant ce détour, on sait qu’on n’aura pas le temps de visiter la région de Krabi car notre visa d’un mois expire dans 5 jours. Mais quel régal que ce lac !
Le sud du pays, ce sont aussi de superbes plages, surtout les plages des îles, car ailleurs il y a beaucoup de mangroves.La Thaïlande compte d’inombrables grottes. On accède à celle-ci après une jolie rando à flanc de falaise; et comme souvent, il y a un temple. Improbable nature. Méditation.
Les Dodos, une famille valaisanne qu’on avait rencontrée vers Las Vegas en novembre 2015 s’est posée quelques temps à Phuket. Comme on avait oublié un doudou dans une chambre d’hôtel dans le nord, on l’a fait envoyer chez eux ; nous avons passé notre dernière journée Thaïlandaise avec eux – Merci ! Phuket, ce fût la ville la plus occidentalisée qu’on ait vue en Thaïlande, mais avec tout d’même ses milliers de vélos, motos, scooters et tricycles et une circulation incompréhensible.
Quoi d’autre à dire sur la Thaïlande ?
- Internet en Thaïlande, c’est un truc de ouf. 4G illimitée pendant 30 jours pour 20 euros. Et même dans les coins les plus reculés du nord, on avait la 4G! Encore une fois, on pense à notre bon Jura où on n’capte pas la moitié du temps entre deux villes !
- Le roi Rama IX, Bhumibol Adulyadej, est décédé le 13 octobre 2016. C’était le monarque qui affichait alors le plus long règne (70 ans). Ses photos sont partout : affiches monumentales, structure au milieu des villages, ponts, etc…. Quatre mois après son décès, le deuil national est toujours d’actualité ; des rubans noirs et blancs sur tous les lieux publics. La première fois qu’on a vu cette grande photo et des fleurs, devant le Decathlon de ChangMai, on se demandait de qui il pouvait bien s’agir ; puis on a vite compris !
- En Thaïlande, la cuisine est EXCELLENTE et variée. On se régale. Alors oui, c’est souvent à base de riz ou de pâtes de riz. Mais il y a aussi beaucoup de légumes, et peu épicé (quand on le demande « may pet »). Anecdote : la cuisinière serveuse nous sert 4 plats ; manque le 5ème… quand je lui demande où il est, elle me répond, sans gêne « Nous n’avons plus d’ noix de cajou alors je ne peux pas vous le préparer ! ». Comme on avait déjà beaucoup attendu, on s’est contenté de ces 4 plats. Autre chose : dans les restos, ils ne connaissent pas les couteaux ; au mieux on a une fourchette et une cuillère. Dans certains villages du nord des gens mangent sans couverts. Les Thaï mangent très souvent dans les restos de rue et cantines roulantes car ce n’est pas plus cher que cuisiner chez soi. Du coup, il y en a partout, même dans les villages les plus reculés. Pour le dessert, on trouve des mangues excellentissimes et de l’ananas, de la pastèque, du melon, des fraises…etc. Et Simon se fait une cure de glace Magnum. Par contre, l’alcool est interdit à la vente entre 14h et 17h ! Il suffit juste de le savoir et anticiper pour qu’il ait sa bonne bière Chang !
- On doit enlever nos chaussures sitôt qu’on rentre dans un temple, c’est normal. Mais on doit aussi les enlever quand on rentre dans un magasin, un restaurant parfois. Du coup, il y a des tongs à disposition devant les WC des restos et des maisons qu’on a loués, c’est drôle !
- Le petit paragraphe habituel sur l’état des routes : formidables routes, asphaltes partout. On est loin du ripio argentin, des nids de poule péruviens et mille topes mexicains ! Les routes sont larges, souvent 2×2 voies… quel regret de ne pas être avec notre camping-car ! Par contre, la route est dangereuse car il y a des milliers de motos et mobylettes qui conduisent vraiment mal. On a vu deux accidents mortels, les corps étendus sur la route, en train de se faire prendre en photo par la police… ça calme bien. Les chiens errants sont pléthores et restent allongés sur la route jusqu’à ce qu’on leur roule dessus quasiment. Concernant les panneaux de signalisation, c’est plutôt illisible car leur alphabet est tout aussi inaccessible que le chinois ou le japonais… Et là, on dit « merci GPS » et on se demande comment faisaient les voyageurs, avant, pour s’y retrouver, surtout dans les villes. Seule la boussole pouvait les aider…
- Niveau agriculture, on a vu énormément de rizières bien sûr, mais aussi des plantations de canne à sucre, tapioca, fraises, palmiers à huile et hévéa (caoutchouc naturel).
- Quand nous disons « nous sommes français », on nous répond très souvent « Zinédine Zidane » – Zizou le Français le plus connu en Thaïlande ?
Et voyager sans camping-car alors ? Et bien on s’habitue ! Comme dans tout mode de vie, il y a des avantages et des inconvénients. Là, les avantages sont clairement la clim’ dans la voiture et à l’hôtel ; les inconvénients sont de devoir planifier les étapes et ne pas pouvoir bivouaquer là où on passe la journée, toujours devoir bouger pour dormir.