Mexique

Le film, les photos et le carnet de route – 3 mois au Mexique de novembre 2015 à janvier 2016

Photos du Mexique continental ICI

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Photos de Baja California ICI

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Nos premiers jours au Mexique

Le dimanche 21 novembre, nous passons la petite frontière de Tecate pour rejoindre le Mexique. On nous avait conseillé cette petite frontière plutôt que la grosse douane de Tijuana. En effet, très tranquille, encore plus un dimanche ! Le douanier Mexicain écoutait de la musique Hard-Metal qu’il n’a surtout pas interrompue pendant les 20 minutes qu’il nous a fallu pour remplir les 5 demandes de permis Touriste. Au Mexique, nous sommes toujours en Amérique du Nord,  mais clairement plus du tout aux USA : par erreur, j’ai marché 3 mètres derrière le camping-car alors que nous venions de recevoir le tampon « Mexique » sur nos passeports… en deux secondes le garde américain armé jusqu’aux dents déboulait pour m’avertir que c’est interdit de mettre un pied aux USA ! Yeah !

Décembre 2015 : Baja California, Mexique

La Baja California, ce sont des centaines de kilomètres de cactus, des plages et une mer de Cortés chargée de poissons et cétacés ; le commandant Cousteau l’a d’ailleurs surnommée « L’aquarium du monde ». Cette péninsule est mexicaine mais on y parle beaucoup anglais ; autant qu’on parle espagnol en Californie aux USA ! Nous réalisons quand même à chaque instant que nous sommes bien au Mexique : topes parsemés sur les routes (ce sont des dos d’ânes de toute taille, dans des endroits improbables parfois), on passe de l’asphalte au chemin de terre sans prévenir, des énormes trous dans l’asphalte qui a mal supporté les 55 °C de l’été…mais aussi les p’tites épiceries dans toutes les bourgades, les vendeurs de fruits et légumes à la sauvette. Et l’eau ! La frontière passée, c’en est fini de boire l’eau du robinet, y compris pour se laver les dents. On achète donc deux Carafon, ce sont des bouteilles de 20 litres que nous remplissons dans des centres d’Agua Purificada ou auprès de vendeurs d’eau potable par-ci par-là.

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En Baja California, notre quotidien peut généralement se résumer ainsi : p’tit déj au soleil suivi d’environ 2 heures de CNED, puis plage, parties de pêche entourés des pélicans, kayak sur les eaux bleu turquoise de la mer de Cortés, lecture et feu de camp; désormais  les enfants préparent ce feu seuls de A à Z, des vrais Robinson ! A cette routine viennent souvent se greffer des découvertes ou surprises, comme par exemple :

  • San Lucas : José nous amène sur son bateau deux jours de suite pour lever ses 20 casiers de pêches ; il vient tous les jours de l’année sans exception, il est le seul à avoir des casiers à crabes dans ce lagon.
  • Marguerite chez le coiffeur. Elle en ressort avec le côté droit 5 cm plus court que le côté gauche ! Pire que lorsqu’ je lui avais coupé les ch’veux à Lake Powell en juin.
  • Rancho San Cosme où nous nous installons 4 jours : nous sommes invités le premier soir à l’anniversaire de la Abuela Guadalupe qui fête ses 59 ans ; son visage marqué nous aurait plutôt fait penser à 70-80 ans. Le vendredi soir, nous sommes convié à participer à la messe hebdomadaire tenue sous le même et unique préau utilisé pour l’anniversaire quelques jours auparavant. Le déroulement de cette messe et le rythme des musiques sont tellement différents des rituels en France, alors qu’il s’agit de la même religion ! Ici, les enfants n’ont pas école aussi régulièrement que dans les villes mexicaines parce que rares sont les professeurs qui souhaitent venir dans ce village retiré. « La Maestra se fue » nous explique Naomi la copine de Marguerite, 7 ans, qui du coup passe sa matinée à nous regarder faire les cours du CNED sous la palapa (paillotte).
  • La Ventana : alors que nous nous installons au camping de La Ventana, une personne s’approche et nous dit «on s’ connaît de quelque part»… Dingue ! C’est Richard et Julie, un couple de Québecois que nous avions connu en avril à Assateague (côte atlantique américaine). Le monde est p’tit !

A Santa Rosalia, nous avons une pensée toute spéciale pour la famille Guichard que nous avons connue à Vancouver Island et qui était restée coincée là 2 mois dans l’attente de pièces pour leur Master B110 en panne. Cette petite ville du centre de la Baja California a été créée par des Français qui ont exploité une mine de cuivre jusque dans le milieu des années 1950… désormais aux mains d’une société coréenne qui, petite parenthèse, n’investit pas un centime dans le musée qui retrace l’histoire de cette mine et de la ville attenante ! Tout le cuivre de cette mine part pour la Corée. Ce qui reste de ce passé français, c’est une délicieuse boulangerie dont nous aurons su profiter pendant 3 jours ! 8 mois que nous n’avions pas mangé du pain aussi bon ! Mais ce n’est que l’début. Les « birotes » (petites baguettes) sont en vente dans toutes les boulangeries en Baja California. On s’ régale. On va bientôt pouvoir ouvrir notre rubrique « Tour du monde culinaire » comme nous l’avait suggéré la marraine de Marguerite avant notre départ ! Entre autres : tacos, quesadillas azul et la Roska de los Reyes !

La Baja California est très convoitée par les Américains et les Canadiens. Lors de nos 2 semaines au camping de La Ventana, c’est comme si nous visitions l’ Québec : toutes les villes étaient représentées, jusqu’aux îles de la Madeleine ! Résultat : un jour nous irons au Québec pour revoir tout ce joli monde qui vient chaque année 4 à 5 mois en Baja California, fuyant leur rude hiver. Maxime le jeune kitesurfeurs qui a donné des cours à Simon, Andrée qui proposait des séances de yoga, et remise en forme 3 fois par semaine, Mélissa qui a offert à Simon un shot de Tequila après son premier upwind, les p’tites copines Lylafé, Marine, Rose, etc…. Quant à Julie et Richard, nous les recroiserons peut-être une 3ème fois sur notre route, au Brésil, sur un autre spot de Kite. Jamais deux sans trois, non ?

Petit parenthèse sur le jeu du mois : le Monopoly ! Les enfants se sont acheté ce jeu qui leur rappelle les bons moments passés à la garderie à Prémanon. Simon et moi avons donc dû réapprendre les règles, plus de 25 ans après notre dernière partie. Après 2 soirées Monopoly, on s’est juré de ne plus jamais jouer à ce jeu, les enfants joueront seuls. Il faut évidemment gérer les crises de Miss Marguerite qui pleure quand il s’agit de vendre ou d’hypothéquer… les jeux changent, mais elle reste fidèle à son principe de base « Je joue pour la gagne, rien d’autre » !

Pour les fêtes de fin d’années, point d’ foie gras ni d’ macarons. Mais ce n’en fût pas moins festif : Noël sous une Palapa d’une superbe plage au sud de la péninsule avec Stéphane, Marie et leurs 3 enfants. Fous rires et récits de voyageurs. En vadrouille en camping-car depuis juin 2015 à travers le Canada et les Etats-Unis, ils entament maintenant l’Amérique Latine. Comme nous quoi … au détail près qu’eux ont vu le bel Antelope Canyon 😉 ; nous les avons rencontré pour la première fois par hasard sur une route au nord de La Paz et avons passé Noel et Nouvel An ensemble. Attachants, drôles et mémorables. Noel nvel an 2015Le comble : ils sont du Haut-Doubs (St Julien du Russey) ! La nuit du 24 décembre à la belle étoile pour les 6 enfants qui n’ont pas pour autant aperçu Santa Nicolas ;-)… A propos, pas facile cette année de cacher les cadeaux dans 9 m2 et des placards toujours ouverts par l’un ou l’autre des enfants ! Le 25 décembre, nous faisons connaissance de deux cyclistes qui arrivent sur cette plage… Hélène et François, partis du Yukon (Canada) il y a 5 mois et en route pour l’Amérique Centrale. Ils nous font évidemment penser aux Prémanoniers Laurence et Gilles qui ont pédalé 40000 km sur les routes du monde de 1998 à 2000; d’autant plus que nous venons de lire leur magnifique livre, récit de voyage poignant. Alors eux aussi passent ce Noel et Nouvel an avec nous. Pour la petite histoire, Hélène est du Haut-Doubs aussi  (Levier) ! Donc au niveau des accents, on est bien servis ! Pour Nouvel An, se joignent à cette bande Catia et Yvan. Nous les avions rencontrés la première fois sur les Keys en Floride en mai puis les avions recroisés en octobre par hasard à Grand Canyon. Ils ont des histoires à raconter pendant des heures, eux qui sont parti en 2012 de Bretagne et ont traversé l’Europe et la Russie puis le Canada et les USA avec leur Toyota. Un bijou de baroudeurs. Le 2 janvier, tous ces amis voyageurs ont repris chacun leur route, ne sachant pas quand ni où nous nous reverrons.

Vendredi 4 décembre 2015

Depuis 2 jours nous sommes installés sur une plage du golfe du Mexique, Playa Escondido. Nous sommes une dizaine de véhicules, surtout des touristes américains et canadiens habitués depuis des années à cette plage ; mais des Américains tendance « Nature » : ici, pas de générateur, pas d’eau courante, pas de douche, pas d’ lumières… Bref, ce n’est plus l’Amérique ! Nous regardons avec nos jumelles tout ce qui s’ passe dans cette baie paradisiaque. Et entre oiseaux plongeurs et pélicans, nous avons distingué au loin des dauphins… Donc le troisième matin, c’est décidé, nous partons à l’assaut de ces cétacés avec notre kayak 04122015-DSC07843rouge et notre canoé vert. La mer est très calme, pas une vague. Après avoir pagayé 1h, nous nous arrêtons sur une minuscule île. Aucun dauphin en vue. Alors nous sortons les cannes à pêche, nous nous reposons, les enfants jouent dans le sable… 2 heures passent… quand tout à coup Simon les voit ! Ni une ni deux nous sautons dans nos bateaux et pagayons fort fort fort… Mais c’est juste impossible d’aller à la vitesse des dauphins. Ils vont à gauche, on va à gauche. Puis ils tournent à droite, alors on vire à droite,… Au bout d’une demi-heure, nous y sommes : ils sont là, devant, derrière, sur les côtés, dessous le kayak… Il y a bien une cinquantaine de dauphins, y compris des bébés collés à leurs mères. Nous alternons entre grands silences devant ce spectacle et cris de joie devant un saut plus haut que les autres. C’est merveilleux de douceur.  Il n’y a aucune vague, aucun bruit de moteur aux alentours ; nous entendons chacune de leurs respirations. C’est magique. Evidemment, les enfants souhaitent aller nager avec. Mais ce sont des dauphins sauvages ; même s’ils ne semblent pas effrayés, ils ne sont pas pour autant curieux et ne nous permettent pas de les toucher et encore moins de s’accrocher à leur dos. Tanguy et Marguerite auront tout d’ même bien nagés au milieu du banc de dauphins.

14h. Nous rentrons au camping-car. Un encas bien mérité après ces kilomètres de pagaie. Rassasiés, les enfants repartent à leurs activités favorites : pêche, snorkeling, châteaux de sable, kayak encore et toujours. Marguerite aime aller taper la causette aux autres campeurs qui ont des chiens et jouer avec. Puis c’est le goûter crêpes Suzette cuites sous notre palapa (parasol fait de feuilles de palmiers). Une fois le soleil caché, Tanguy vient étudier une leçon de Français et une leçon de Géographie. Hasard encore une fois*, le sujet de sa séquence en Géographie cette semaine c’est «Cancun au Mexique : comment un littoral est-il transformé ».

* début septembre, alors qu’il étudiait en roulant et que nous voyions depuis notre route le Mont St Helens, son cours de science mentionnait ce volcan !

26112015-DSC07645A 18h, nous avons rendez-vous sous la palapa de Montana et Jody, un couple d’Américains. Nous nous retrouvons une quinzaines de personnes à regarder un très joli film sous un ciel étoilé face à la mer de Cortés (Montana avait pris soin de choisir un film adapté aux enfants, sympa !). Il est 20h30 quand le film se termine et Justin s’est endormi depuis bien longtemps dans les couvertures prêtées par Montana, avec oreillers et tout le confort américain qui s’ doit ;-). C’est alors que Jody nous explique que la mer ici est truffée de planctons fluorescents. Nous nous dirigeons tous au bord de l’eau (à 10 mètres de notre salle de cinéma en fait ;-)) : il suffit de jeter du sable dans l’eau ou de tremper et bouger sa main pour voir cette mer de Cortés toute fluo. Bref, ce 4 décembre, ç’aura été le spectacle toute la journée !

Janvier-février 2016 : 6 semaines au Mexique continental, de Mazatlan au Chiapas

Nous découvrons un autre Mexique que celui vécu pendant nos semaines en Baja California. Les paysages sont bien différents de la désertique Basse-Californie. Entre autres, nous traversons la région des plus gros avocats (du monde ;-)) dans le Michoacan, des champs d’agaves qui servent à fabriquer de la Tequila et du Mezcal, et plus au sud du pays des bananiers, manguiers, papayers, citronniers, sapotille, etc…, des forêts denses et variées et des montagnes qui nous permettent d’avoir un peu d’ fraîcheur avant d’arriver dans l’ sud du pays côte pacifique, où il fait plus de 30 degrés la journée et rarement moins de 24 la nuit. Mais finalement, nous nous habituons à ces conditions qu’on appelle « canicule » en France… On surprend Tanguy porter une polaire un soir car « il fait froid »… 24 degrés !

Quand on décrit le paysage mexicain, il faut évidemment ne pas oublier : les chiens errants ! Dans toutes les villes et villages, il y a des chiens errants, qui finissent par tous se ressembler (beige-marron et maigre). La symphonie d’aboiements quasiment toute la nuit sans discontinuer est une chose à vivre !

La cuisine mexicaine devient bien sympa : tacos, quesadillas, tlayudas, tamales, ramayca, etc… Mais ces préparations posées dans une cuvette que les femmes portent sur leur tête en parcourant les rues toute la journée, ça ne nous inspirent pas toujours. Et puis évidemment des fruits à profusion : délicieuses bananes aux multiples variétés, tomates goûteuses, mangues et ananas à gogo, coco fraîches…

Les supermarchés et autres fastfood américains sont encore légions. Mais nous découvrons aussi les « tiendas » : ce sont des épiceries, boucheries, boulangeries, drogueries… on y trouve de tout, c’est impressionnant ! Tous les villages ont leurs tiendas. Et quand les enfants racontent cela à leurs papys-mamies lors d’un appel FaceTime/Skype, ces derniers leur expliquent que c’était ainsi en France il y a une cinquantaine d’années. Pas tout à fait quand même : les smartphones sont là, bien là !

Petit point sur l’état des routes : il y a des topes (dos d’ânes) en permanence. C’est le seul moyen qu’ils ont trouvé pour sécuriser le réseau routier, sans quoi les automobilistes, pas toujours détenteurs du permis de conduire, rouleraient comme des fous…. La peur du gendarme et la peur de devoir payer une amende en cas d’excès de vitesse n’existent point ici. Donc on n’en convient, ces topes sont la seule solution. Mais j’vous rassure, entre deux topes, même éloignés de 50 mètres, les voitures roulent à fond. Et ils freinent, et ils accélèrent, et ils freinent…. 9 voitures sur 10 ont les pneus lisses… vraiment lisses. Pour nous reposer de ces routes désastreuses, nous avons décidé d’emprunter les autoroutes pour les grands trajets. Nous nous étions habitués aux autoroutes gratuites aux USA et au Canada. Mais au Mexique, c’est payant – même système qu’en France ; ces autoroutes sont donc un luxe que très peu de Mexicains utilisent ; donc pas de bouchons aux péages. Et même sur ces autoroutes, il y a parfois des topes, histoire ne pas perdre la main ;-). On nous avait dit de ne jamais rouler d’ nuit au Mexique. Nous pensions que c’était par rapport au risque d’attaque… mais c’est aussi et peut-être surtout une mesure de sécurité routière, car les voitures sans phares ne sont pas rares, conducteurs alcoolisés voire + + +, chiens errants qui traversent; Bref, une tonne de risques. Les enfants se rappelleront longtemps d’une course amicale lancée par l’ami David entre San Antonio et San Agustinillo de nuit avec un groupe de 3 jeunes Mexicains sur une mobylette sans phare ni casque.

Archéologie : le Mexique, c’est aussi des vestiges de civilisations qui se sont succédées depuis des milliers d’années (Olmèques, Teotihuacan, Purépechas, Mayas, Zapotèques, Mixtèques, Aztèques,…). C’est d’ailleurs assez étonnant comment les peuples de cette région-là ont construit temples et cités organisées alors que les peuples plus au nord (actuel USA et Canada) n’avaient rien de tel. Nous ne sommes pas des fadas de « tas d’cailloux » (dixit Simon), donc nous nous sommes contenté de visiter 2 sites majeurs :

  • Teotihuacan en banlieue de la capitale. Impressionnantes ces deux immenses pyramides du Soleil et de la Lune !
  • Monte Alban à Oaxaca, perché sur une montagne qui domine toutes les vallées alentours.

Les enfants étaient très contents de voir « pour de vrai » ces vestiges dont il est fait référence à la fin des épisodes des Merveilleuses Cités d’Or.

Mexique, pays dangereux ?

« Le Mexique est un pays dangereux » peut-on lire sur le site de l’ambassade de France. Lorsque nous étions aux USA, on ne cessait de nous avertir que l’ Mexique est un pays dangereux et que c’est quasiment de l’inconscience que d’y aller en famille. Conclusion de nos 3 mois en pays aztèque : nous n’avons jamais senti de danger particulier (nous avons tout d’ même pris le soin d’éviter les régions frontalières au nord et les grandes villes telles que Mexico et Guadalaraja). Evidemment, il n’est pas rare de voir des militaires et policiers armés jusqu’aux dents qui se baladent dans les rues ou qui surveillent l’entrée d’un magasin. Mais ces mêmes militaires se font cirer les chaussures, vont changer leurs cartes sim et mangent des tacos pendant leurs heures de service. Assez drôle.10012016-DSC08437

Et c’ qui est amusant, c’est que dès le premier jour au Guatemala, un Guatémaltèque nous a demandé « C’est comment le Mexique ? Pas trop dangereux ? »… alors que la veille ce sont des Mexicains qui nous mettaient en garde sur le niveau de violence au Guatemala… C’est fou comme tous ces pays stigmatisent systématiquement leur voisin comme étant un « pays dangereux » ! (Juste entre parenthèse, le ministère des affaires étrangères canadien classe la France dans la même catégorie que le Mexique, Russie, Ukraine, etc…)

Des coups de feu la nuit. Alors que nous sommes installés à Teotihuacan, des coups de feu retentissent vers 23h. Nous n’ sommes pas inquiets ; mais tout d’ même, on pense à ces recommandations du gouvernement français sur les voyages au Mexique. Le lendemain, on interroge un gars du coin. Il s’agissait tout bêtement de tirs depuis un village voisin, San Sebastian, qui a sa fête annuelle dans  8 jours. Et pendant la semaine précédente, chaque quartier à tour de rôle met l’ambiance et fait la fiesta de minuit à minuit, passant ensuite le relais au quartier voisin, jusqu’au jour J où tout le village s’y met. Tradition mexicaine, pour de nombreux villages voire villes dont le nom correspond à un saint du calendrier.

Autre tradition au Mexique, la St Valentin. Cette journée des amoureux venue tout droit des USA est tellement importante aux yeux des Mexicains que même si ce n’est pas un jour férié officiel, de nombreux commerces ferment ce jour-là. Dingue !

Et l’écologie au Mexique ?

La classe de CM de Prémanon fait l’immense plaisir à nos enfants de maintenir une correspondance depuis près d’un an. Récemment ils ont envoyé un reportage vidéo très complet sur la COP21. (Quelle belle correspondance d’ailleurs ! Depuis presque un an ! Les enfants se joignent à nous pour REMERCIER toute la classe et le maître, Rodolphe). Quel décalage entre les préoccupations de ce sommet de l’Ecologie à Paris et ce que nous vivons au Mexique ! Les bords de route sont de véritables poubelles (de l’autoroute à la petite route de montagne), les lacs sont pollués à un tel point qu’on ne peut plus pêcher et encore moins se baigner (Patzcuaro par exemple), les évacuations vont droit dans l’océan…

Zipolite-San Agustinillo, Etat de Oaxaca

Nous passons 4 semaines dans cet état du sud du Mexique, le plus pauvre avec le Chiapas. Pourquoi ? Parce que nous avons rendez-vous avec David qui a son surf-shop à San Agustinillo depuis 10 ans. MERCI David et Claire pour ces chouettes moments avec vous : journées plage, week-end anniversaire, soirée barbec’…

Nous étions installés dans un camping à Zipolite, et nous allions en camionetta (transport en commun) quasiment tous les après-midi à San Agustinillo faire du surf avec David, Abril et Ilan, les cousins des p’tites voisines de Prémanon Juju, Lola et Calie  !

Zipolite, c’est aussi la deuxième expérience « Ecole » après les 3 semaines en septembre en Californie. Ca avait était simple d’inscrire les enfants aux USA, donc encore plus simple au Mexique ! On s’est présenté un jeudi matin à l’école la plus proche du camping (8 min à pied) et le directeur a immédiatement accepté et a installé Justin, Marguerite et Tanguy chacun dans la classe de leur niveau. Petite école Primaria du CP à la sixième. Et là, nous réalisons combien l’école mexicaine n’est pas encore un « ascenseur social »… les conditions d’apprentissage ne sont pas terribles et nous constatons (et des parents nous confirment) que beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école, pourtant obligatoire. Mexique 14ème puissance mondiale ?

Les tortues marines

De nombreuses plages mexicaines sont des zones de nidification des tortues marines et il y a des associations qui gèrent et protègent leur reproduction . Ainsi, sur certaines plages on peut voir du ruban pour indiquer qu’une tortue est venue pondre et qu’il ne faut donc pas marcher à cet endroit. Une autre manière de faire consiste à prélever les œufs fraîchement pondus et les mettre en couveuse pendant quelques semaines jusqu’à ce que les bébés sortent. Des « liberaciones de tortugas » sont alors organisées pour les mettre dans l’océan ; c’est d’ailleurs ce que les enfants ont fait dans le cadre de leur sortie scolaire avec l’école de Zipolite.

Mais nous avons eu l’énorme chance de vivre une naissance de tortues sur une plage, inattendue ; un nid qui n’avait pas été identifié et donc pas matérialisé. C’est Marguerite qui a vu 3 personnes prendre des photos au coucher du soleil alors que nous étions dans un resto donnant sur la plage. Elle nous crie « des tortues ! des tortues ! ». 12022016-DSC09593Pendant plus d’une demi-heure nous regardons avec émotion plus de cinquante tortues qui sortent une à une du sable, toutes frêles, et qui rejoignent l’océan à 20 mètres de là. Chaque creux et bosse dans le sable représente une montagne à franchir ; puis les remous des vagues à affronter. On a envie de les aider ; mais ce n’est pas leur rendre service. Elles doivent sortir de leur œuf et creuser les quelques 40 centimètres de sable avant de trouver le grand air, puis parcourir le chemin seules pour forcir avant d’entrer dans l’océan.

Le rêve américain

Nous savons que passer la frontière américaine et aller travailler aux USA est le rêve de nombreux Mexicains. Ici dans l’état de Oaxaca, quasiment toutes les familles ont des frères/sœurs/cousins/enfants qui sont passé illégalement aux USA et y travaillent. Un chauffeur de taxi nous raconte comment il a traversé ce désert de l’Arizona pendant une semaine quasiment sans eau, les sommes astronomiques qu’il a dû payer à son passeur et au gang-mafia qui attend ces clandestins sur le sol américain, et ses 8 années de travail non-stop, 7/7, cumulant plusieurs jobs. Il est ensuite rentré à Oaxaca, a pu s’acheter un terrain, construire sa maison et acheter un taxi pour avoir une vie tranquille désormais marié et 2 enfants qu’il a le luxe d’envoyer dans une école privée… Les Mexicains aux USA, c’est toute une économie sous-terraine que nous n’avons pas vu pendant nos 6 mois aux Etats-Unis, mais qui semble incroyablement organisée. Une maman de l’école m’explique que sa sœur est passée de l’autre côté il y a 15 ans et qu’elle n’est jamais revenue à Zipolite depuis car elle ne peut pas … Elle envoie régulièrement de l’argent et des cadeaux à ses frères, sœurs et neveux, qui du coup vivent mieux au Mexique. J’ai aussi été étonnée d’apprendre que sa sœur ne parle toujours pas l’anglais après toutes ces années puisqu’elle reste entre Mexicains. Elle s’est mariée à un Mexicain lui aussi illégal et ils ont 2 enfants. Eux ont la nationalité américaine et pourront donc venir voir leur famille à Zipolite, sans leurs parents !

Au Guatemala et au Salvador où nous sommes au moment où j’écris ce carnet de route, le Rêve Américain est toujours très présent et nombreux sont ceux qui continuent à prendre le risque de passer clandestinement cette frontière si dangereuse.

D’autres voyageurs

Des amis-voyageurs connus sur les routes les 8 premiers mois sont venus nous voir au camping à Zipolite. Même si l’idée de notre voyage n’est pas de retrouver à tout prix les Français qui voyagent comme nous (au contraire), quel bonheur de revoir ces amis-voyageurs-là ! MERCI d’être venu nous voir !

  • les adorables baroudeurs Katia et Yvan. Yvan est moniteur de kayak, comme Simon. Donc ils n’ont pas pu résister et sont parti pour une partie de pêche avec notre canoé. Première vague, Yvan tombe à l’eau et manque de faire tomber le reste de l’équipage et tout l’ matos ! Ah ! Ces kayakistes d’eau douce !
  • les courageux cyclistes Hélène et François pour qui ce détour par Zipolite signifiait quelques centaines de mètres de dénivelé supplémentaires. MERCI ! Nous mesurons bien votre effort !

La famille Delmas, que nous avions connue à Zion en octobre et recroisée vers Mexico passaient par Zipolite aussi. Alors ils ont fait le détour par le camping. Tanguy, Marguerite, Justin, Léo et Iban ont fabriqué des bracelets toute une nuit et se sont amusés à les vendre sur la plage le lendemain, tous fiers de revenir avec 150 pesos !

Et Nayaeste, une famille québecoise (tiens tiens, ça faisait longtemps!), installés comme nous pour plusieurs semaines au camping de Zipol’ – Eux remontent au Canada en mars, mais Alexandre a fait plein de fichiers Excel pour planifier un plus grand voyage la prochaine fois ;-). Encore de bien beaux souvenirs, tant pour les parents que les enfants ! Quelques semaines après les avoir quitté, une expression du génial petit Esteban est encore souvent employée par nos enfants : « c’est trop malade » !

 

On vous embarque pour 24h avec nous, sur la côte pacifique de l’état de Oaxaca – fin janvier 2015

Vendredi matin, 31°C. Nous partons chercher les enfants à l’école à 10 minutes à pied de notre camping à Zipolite (nous raconterons en détail ces semaines « école au Mexique » dans un prochain Carnet de route). Contrairement aux jours précédents, l’école se terminera à 11h au lieu de 12h30 pour nos 3 enfants car le maître de Tanguy nous emmène tous les 5 dans la ville la plus proche, Puerto Escondido (50 000 habitants). Je pose alors la question « Qui s’occupe de votre classe de 11h à 12h30 ? » ; « Ils restent seuls, ça leur apprend l’autonomie » me répond-il. L’autonomie d’une classe de 10 enfants de 12 ans sans professeur, on devine c’ que ça donne 😉

Nous voilà donc 6 dans la Clio, puis 7 lorsqu’on prend en route son épouse, institutrice également dans un autre village. L’occasion de parler un peu de leur vie. On apprend, entre autres, qu’ils n’ont pas d’ passeport ; donc même si les billets Mexico-Paris venaient un jour à être à leur portée, il n’est pas possible de sortir du pays. Ils nous expliquent aussi pourquoi il n’y aura pas école lundi 2 février, alors que le jour férié est normalement le vendredi 5 février, jour de la Proclamation de la Constitution de 1917 : l’ancien Président du Mexique Felipe Calderon a décidé que certains jours fériés seront déplacés au lundi pour assurer « des ponts », que le jour de la fête réelle tombe en semaine ou en week-end… Bon, Calderon n’est cependant pas allé jusqu’à déplacer le jour de Noel, le jour de l’An ou le jour du travail qui restent des jours fériés les 25 décembre, 1er janvier et 1er mai même si ce ne sont pas des lundis !

Puerto Escondido : un joli marché, la grande plage de Zicatele avec sa vague tubulaire puissante très connue. Le soir, le maître nous avait réservé une chambre dans son hostal qui jouxte sa maison ; ce n’est évidemment pas les hôtels fréquentés par les touristes de la classe moyenne mexicaine ou les touristes étrangers ; mais c’est propre, donc c’est parfait. L’occasion pour les enfants de regarder un peu la télé mexicaine. Et quoi de plus normal que de tomber sur un match de foot de la Liga BBVA, le championnat espagnol. Les Mexicains regardent plus les championnats européens que leurs championnat national, le rêve de tout joueur de l’Amérique Latine étant de rejoindre une équipe de l’autre côté de l’Atlantique. Pour nous les adultes, ces quelques
29012016-DSC09300minutes devant la télé viennent illustrer ce que nous avions lu dans le Lonely Planet : « la stratification sociale dans le Mexique d’aujourd’hui n’est guère différente d’il y a 300 ans, avec ce que l’on pourrait appeler très grossièrement les descendants pur sang des Espagnols au sommet de l’échelle sociale, les métisses au niveau intermédiaire et les Indiens tout en bas ». Pourquoi dis-je que nous constatons cette réalité ? Parce que quasi tous les acteurs des annonces publicitaires sont de la catégorie sociale supérieure, bien typés européens, ceux-là même qui pourront acheter ces biens de consommation ; même constat pour les présentateurs de Journal TV.

Alors que nous tombons de fatigue, nous découvrons dès le début de la soirée qu’il y a de l’ambiance dans cette rue en plein cœur de la vieille ville et que c’est bien bruyant… Mais pourquoi tant de va-et-vient dans la cour voisine ? Je discute quelques minutes avec une des nombreuses personnes assises à l’entrée du porche : la Abuela qui habitait ici est décédée, à l’âge de 60 ans, et toute la famille, voisins et amis vont défiler toute la nuit pour veiller sur le corps. Et comme il s’agissait d’une dame née à Puerto 30012016-DSC09322Escondido (une de ces 400 âmes qui ont vu grandir leur village aujourd’hui devenu ville de plus de 50000 habitants), des centaines de personne ont fait le déplacement. Et à 21h, c’est la fanfare qui s’installe, avec grosse caisse évidemment. Toute la nuit, vraiment ! Dingue.

Au petit matin, le prof de Tanguy nous propose d’aller chez ses parents qui ont une ferme à un quart d’heure d’ici. Lui s’est levé à 5h, est allé pêcher sur une lancha (petit bateau à moteur) et est revenu avec quelques bons poissons de cette côte pacifique encore bien garnie. Même à 7h30 du mat’, il y a toujours du monde pour optimiser le trajet. Nous sommes donc les 5 Couval à l’arrière, et deux grands gaillards sur la place passager avant, dont l’un fait tout le trajet une épaule et la tête dehors pour que ça passe. Soit 8 en tout dans la Clio. Mais nous ne sommes point inquiets, car le conducteur fait son signe de croix très régulièrement, en prenant le temps d’ôter sa casquette bien sûr. « A chaque fois qu’il y a une croix placée le long de la route, ou une église, je fais mon signe de croix. C’est comme ça au Mexique » nous explique-t-il. Simon avait remarqué la veille qu’il levait sa casquette et se signait même en train de doubler un camion…

On passe des cultures de papayes aux cultures de pastèques, des manguiers à profusion aussi. Arrivés chez ses parents, on découvre une organisation de l’agriculture bien différente de celle que nous connaissons en France.30012016-DSC09313 Son père a un troupeau d’une quarantaine de vaches et un taureau. Pas d’insémination artificielle ici. Et il traie à la main à peine une dizaine d’entre elles, assis sur son tabouret à un pied qu’il fixe par une cordelette à sa taille. La traite n’a lieu qu’une seule fois par jour, le matin. Tout d’abord il attache une vache à un poteau et lui lie les pieds. Puis il va sortir un veau de l’enclos. Le veau à l’honneur de commencer à boire et lorsqu’il n’a plus soif, le fermier traie la vache. Une fois terminé, il laisse aller à sa guise le veau qui bien souvent tète à nouveau. Même topo pour les 7 vaches suivantes. Puis toute la troupe, vaches, veaux et taureau, descendent à la rivière se désaltérer. Avec ce lait, ils préparent un fromage qu’ils vendent ensuite au marché.

Nous rentrons à notre camping à Zipolite en transport en commun : tout d’abord un bus décoré maison, puis la camionetta pour les derniers kilomètres. Les moindres bourgades sont desservies ici où les voitures et les mobylettes étaient encore chose rare il y a 10 ans, nous a-t-on dit.